vendredi 9 novembre 2012

Linton Kwesi Johnson aka LKJ - Cabaret Sauvage, 8 novembre 2012

Absent depuis 5 ans des scènes parisiennes, Linton Kwesi Johnson aka LKJ faisait son retour dans le cadre presque intime du cabaret sauvage, lui qui avait pour habitude de se produire au Zénith.

LKJ est un ovni dans le monde du reggae dub. Bien que d'origine jamaïcaine, LKJ,est anglais ou il vit depuis son enfance. Il n'est pas rasta, n'a pas de dread et ne semble pas particulièrement fasciné par Haile Sellassie, Zion ou la chute de Babylone. LKJ écrit des textes, des poèmes tournés vers un militantisme de gauche , marqué par les black panthers, la lutte contre le thatchérisme et les injustices raciales et sociales. Il déclame ses textes avec un flow et une voix grave qui n'appartiennent qu'à lui sur une musique Dub, reggae obsédante du meilleur effet. Il est depuis une quarantaine d'années une référence et un artiste phare, présent en tête d'affiche des plus grand festival et respecté par tout le public reggae. Il est accompagné depuis de nombreuses années par le Denis Bovell Dub Band, un sound system anglais avec une section cuivre composé de musiciens virtuoses dont les envolées s'apparentent aussi bien au jazz qu'au reggae et au dub.

Bien entendu la salle était bien pleine, et comme souvent dans les concerts reggae, la première partie est assurée par des djays qui chauffent la salle en mixant avec brio des pépites de reggae roots. Comme toujours, on se laisse embarquer jusqu'au moment ou les mix s'éternisent en nous rappelant qu'on est pas venu pour çà et qu'il serait bon que la tête d'affiche entre sur scène.

Le Denis Bovell Dub Band investit alors la scène et se lance dans un nouveau tour de chauffe d'une demie heure avant que LKJ se décide à apparaître avec sa barbichette, son chapeau, son costume et sa cravate qui ne dépareilleraient pas dans un mariage antillais devant un public acquis à sa cause mais qui commençait à trouver le temps long. Dès lors la magie opère, portée par un son extrêmement bien réglé et clair comme on aimerait en avoir à chaque concert.
Lkj enchaine ses grands tubes des albums seventies comme Poet And The Roots, Forces Of Victory, More Time, Fite Dem Back, Sonny's Lettah, dans des versions fidèle qui offrent souvent aux différents solistes du Denis Bovell Band des occasions de partir dans des solos ou des dub de folie.

On se rappelle aussi que LKJ n'est pas seulement un musicien mais aussi un professeur de sociologie et d'économie (de tendance marxiste comme on en a presque plus dans l'éducation nationale) par le ton professoral qu'il utilise pour introduire ou expliquer les titres qu'il va jouer.

Le concert est excellent, fascinant, même si de mon point de vue, il sonne un peu trop reggae british.
Je m'explique : les musiciens sont des virtuoses, à tel point que le son d'ensemble est trop parfait, trop rodé, presque clinique par moments.
On ne retrouve pas la chaleur, ou les accidents magiques qui font le charme des pionniers du reggae roots jamaïcain comme Israel Vibration, Twinckle Brothers ou Clinton Fearon.
Avec LkJ on est dans un reggae dub urbain, froid comme le quartier de Brixton et très loin des plages de sables de l'océan pacifique, des bidon villes tiersmondiste de Kingston, des effluves de ganja et de Jah.

Malgré ce manque de chaleur, le concert était excellent, obsédant, surprenant, fascinant, et assez unique en son genre. Bref, un moment de musique à ne pas manquer !

Twinckle Brothers - Le Hangar Ivry Sur Seine, 26 octobre 2012


Formés en 1962 (comme les Stones et les Beatles), et  avec près de 70 albums au compteur, Les Twinckle Brothers sont surtout connus pour l'album « Countrymen » réalisé à la fin des années 70.

C'est à mon sens un des meilleurs, si ce n'est le meilleur album reggae enregistré tous genres confondus. Il n'a rien à envier à The same song de Israel Vibration, à  HAIL HIM et Marcus Garvey de Burning Spear et aux meilleurs albums de Marley.

Les Twinckle Brothers restent méconnus du grand public car ils ont, en dehors d'une parenthèse de 4 à 5 ans chez Island au moment de l'âge d'or du reggae roots, toujours fait le choix de l'indépendance et de l'auto production.

Cela ne les empêche pas d'avoir séduit un public très fidèle grâce à la qualité de leurs prestations live, qui leur fait parcourir le monde dans les plus petits clubs , ou comme tête d'affiche dans les plus grands festival reggae (sun plash, garance…) depuis des décennies.


C'est au Hangar , le petit club d'Ivry sur Seine, qu'ils faisaient étape ces jours-cis dans nos contrées. Le Hangar était quasi complet pour l'occasion et s'enflamma des leur entrée sur scène.

Le charisme et la voix de stentor de Norman Grant conjugués aux talents d'instrumentiste et aux choeur de ses frères Ralston et Ashton ont fait danser le hangar du début à la fin du concert.


La set list reprenait les meilleurs moments de countrymen mais aussi de Rasta pon top , qui fut n°1 des charts en 1975, ainsi que de très vieux tubes de rock Steady enregistrés comme singles avec Lee Perry dans les années 60 et quelques nouveautés qui se fondaient totalement dans l'ensemble.

En passant du steady, au Roots et au dub, l'orchestration et le son d'ensemble étaient fabuleux.


Le concert a duré près de deux heures (chose rare pour du reggae), en laissant un public conquis par la générosité, la chaleur, le rythme et la virtuosité des Twinckle Brothers.

Ce fut clairement un des meilleurs concerts reggae qu'il m'ait été donné de voir et la place ne coutait que 14 euros.

Avis aux amateurs pour leur prochain passage !!!!

mercredi 31 mars 2010

Bus Palladium

Note : 2/4

Bus Palladium !
Le titre me plaisait.
Il agissait sur moi comme la madeleine de Proust.

Rien qu'à son évocation, quelques effluves d'un passé trop lointain semblaient ressurgir...

Quand j'étais jeune, c'était cool d'aller au Bus.
Ca donnait du poids et de la consistance à la personnalité que l'on essayait de se forger pour tenter de séduire maladroitement des filles qui ne succombaient pas assez voire pas du tout.

Il faut dire qu'à l'époque, le Bus Palladium était le dernier club historique de la nuit parisienne alors que le Palace, l'Elysée Matignon allaient, ou venaient de fermer leurs portes.
En allant s'y enivrer le mardi soir car l'alcool était gratuit pour peu d'être bien accompagné, on fantasmait un peu sur les légendaires soirées ayant marquée le fameux numéro 6 de la rue Fontaine.

Des années plus tôt, on aurait pu y croiser les Beatles, boire des verres avec Gainsbourg, devenir ami avec Salvador Dali, découvrir Téléphone, danser avec les Ritas mitsouko ou expliquer à Alain Bashung qu'on lui ressemblait...

C'est parfois dur d'être né après la guerre !!!

Malgré tout, le Bus était peut être encore le dernier fief rock de la nuit parisienne à cette époque ou même le Gibus avait débranché les guitares de ses amplis pour y connecter des tables de mixage boostant le son d'une trance à 130 BPM.

Et moi j'aimais et j'aime toujours le Rock.

Le Rock et le Bus ont eu des destins liés jusqu'au milieu des années 90.
Durant les eighties, les cérémonies des "Bus d'acier" (sorte d'oscar des groupes de rock français) s' y déroulaient et récompensaient des artistes majeurs comme Bashung, les Ritas Mitsouko, les Béruriers Noirs, la Mano Negra, Noir Désir ou FFF à l'orée des années 90 avant de disparaitre en tombant dans l'oubli provoqué par la fièvre amnésique de raves party sans âmes.

Avec son film Bus Palladium, Christopher Thomson a voulu ressusciter les heures de gloires du Bus dans les années 80 en suivant de l'intérieur la trajectoire d'étoile filante d'un groupe de Rock.
De ses débuts prometteurs à son explosion en plein vol, Thomson nous emmène sur la route et nous fait découvrir ou redécouvrir les aléas d'une bande de jeunes à cheveux longs qui se rêve en Rolling Stones et qui se brulera les ailes dans la fièvre créatrice, les querelles intestines, les bras des groupies, les psychotropes, le business, la perte de l'innocence et la mort.

Si l'aventure de cette bande de jeune se suit avec plaisir, elle le doit à ses interprètes dont ne peut qu'émerger la magnifique et vénéneuse Elisa Sednaoui.
Cependant aussi divertissant soit-il Bus Palladium n'atteint jamais le niveau et l'intensité du Péril Jeune.
Pire, le coté Madeleine de Proust fantasmée que j'évoquais il y a quelques lignes est totalement absent.

Si le film est censé se dérouler dans les années 80, on ne s'en rend pas compte puisque rien ou presque rien ne nous le rappelle, à part les fameux "trois jours à Blois".
Le Bus n'est qu'évoqué et le groupe imaginaire "Lust" ne ressemble en rien à ce qui se faisait alors.

Au milieu des 80's, le Rock Français, appellation aussi anachronique soit-elle, connaissait l'avènement de la scène alternative.
Le rock de l'époque rimait avec la rage des singles et des concerts de Téléphone, de Lucrate Milk, des Dogs puis des Beruriers Noirs, du Cri de la mouche, de la Souris Déglinguée, des Porte Mentaux, de la Mano Negra, des Wampas, des Satellites et autres Washington Dead Cats ou Happy Drivers.
Ces groupes étaient composés pour la plupart de punks et de marginaux ayant fait leurs armes lors de concerts chaotiques dans les MJC des banlieues rouges ou des squats comme celui, légendaire, de la rue de Pali Kao près de Belleville.

Le groupe du film, "Lust", est à l'opposé de tout cela !!
Il ressemble d'avantage aux fameux groupes de Baby Rockers parisiens qui animent le Tryptique, le Klub ou le Gibus depuis quelques années.
Musicalement "Lust" sonne comme un ersatz des BB Brunes, des Naasts, Shades et autres Plastiscines.
Un ersatz plutôt réussi d'ailleurs que l'on doit au superviseur musical du film Yarol Poupaud qui fut le guitariste de l'un des derniers lauréats du Bus d'Acier (FFF) et qui est désormais le mentor musical pour toute cette génération de jeunes branleurs.
Comme les branleurs de ces groupes, les jeunes de "Lust" sentent d'avantage l'eau de cologne des beaux quartiers plutôt que la bière de la fête de l'huma des années 80.

Ce n'est d'ailleurs en aucun cas un reproche mais la simple constatation que Christopher Thomson s'est trompé d'époque et que son film est d'avantage un hommage à la scène rock actuelle qu'à celle des eighties.
Ces considérations mises à part, Bus Palladium a quand même de quoi faire triquer les jeunes ados du film LOL.
Pour les autres, Bus Palladium aura la saveur d'un Canada Dry quand le Péril jeune avait l'impact d'un shot de tequila frappée.

Il n'aura jamais la drôlerie d'un film comme Mes meilleurs copains qui traitait exactement du même sujet à une autre époque.
C'était la fin des sixties et le début des seventies et le groupe du film s'appelait "Gangrène Plastique".
Il tentait de changer le monde en s'adressant aux ouvriers exploités des usines avec un tube de mayonnaise et des filles aux seins nus avant d'imploser à la suite de leur confrontation avec le "bizness" à la Lou Bill Baker (Il faut voir Mes meilleurs copains pour comprendre).

Mais ça c'est une autre histoire, et une bien meilleure d'ailleurs.

lundi 29 mars 2010

L'Arnacoeur

Note : 2/4

Je suis une putain de midinette !!!
Vous le savez maintenant, je ne résiste pas à l'appel d'une comédie sentimentale.
Mon petit cœur de jeune fille de 13 ans bat à la chamade lors des happy end les plus consensuels et invraisemblables des films ou on se dit je t'aime à la fin malgré toutes les difficultés rencontrées dans les 90 à 120 minutes qui précède ce moment tant attendu.

Avec son casting Glamour, je n'ai pas résisté à l'Arnacoeur.
Romain Duris, excellent comme toujours et une Vanessa Paradis lumineuse, voire quasi solaire forment le couple chic et choc qui joue au chat et la souris dans les palaces monégasques avant de réaliser l'inéluctable : Ils s'aiment.

On ne peut pas dire que leurs pérégrinations soient un moment inoubliable de l'histoire du 7ème art, mais ils y mettent du cœur et séduisent  les cœurs d'artichaut comme moi tout au long de ce film bien invraisemblable.

Les rares temps morts sont comblés par des seconds rôles investis dans leur mission. Le personnage de la meilleure amie interprétée par Helena Noguera mériterait même quelques scènes de plus.

En sortant de la séance, avec un sourire un peu bête et plein de paillettes dans les yeux, on serait presque prêt à revoir Dirty Dancing ou à se prendre pour Patrick Swayze sous les sunlights du premier bar musical venu.
C'est dire si le film atteint son objectif !!
C'est dire aussi qu'il ne faut pas en abuser car on pourrait aussi avoir envie de revoir la Boum 2 et l'intégrale de Meg Ryan. !!!

samedi 20 mars 2010

Une éducation


Note : 2/4

Fallacieusement vendu en France comme la nouvelle adaptation de Nick Hornby après l’excellent High fidelity avec John Cusack et Pour un garçon avec Hugh Grant, Une éducation est en réalité l’adaptation au cinéma de l’autobiographie de la journaliste anglaise Lynn Barber.
Nick Hornby n’étant que le responsable de l’adaptation au cinéma de ce roman.

Il signe une adaptation probablement fidèle au texte d’origine (que je n’ai pas lu) car on ne retrouve son humour si particulier et tellement irrésistible que par parcimonie au détour d’un dialogue par ci par là.

Les fans de l’auteur des cultissimes Fever pitch et High fidelity en seront donc pour leur frais puisqu’ils ne retrouveront pas les métaphores footballistiques désopilantes et les tchatches "tarantinesques" sur la musique qui sont la marque de fabrique de Nick Hornby et de son humour british décapant.

Passé cette déception, on se laisse toutefois entrainer dans ce Londres du début des années 60. Les écolières sont en uniformes, les jeunes hommes sont vêtus de costumes cintrés, les filles en robes sixties.
Tout ce petit monde fume des cigarettes anglaises au volant de ces voitures de sport luxuriantes, qui ne ressemblent heureusement en rien aux Ferrari et Porsche bling bling d’où s’échappent d’insupportables mélodies de Rn'B que l’on a le malheur de croiser de nos jours aux hasards des rues.

Ce Londres qui n’est pas encore le fameux "swinging London" est le théâtre de la rencontre entre Jenny, une adolescente de 16 ans, brillante et charmante, qui prépare son concours d’entrée à Oxford, et de Peter, un play boy de 35 ans.
Eblouie par cet homme et ses amis qui lui feront découvrir la musique, les grands restaurants et l’emmèneront en voyage dans un Paris fantasmé, Jenny tombe amoureuse de cet homme de 20 ans de plus qu’elle.
Elle lui offrira son innocence tout en sacrifiant ses études pour finalement se réveiller au milieu d’illusions perdues.

Ce passage à l’âge adulte est particulièrement bien raconté et filmé mais on retiendra avant tout l’excellente interprétation de Jenny par Carey Mulligan dont le charme, le regard et le petit rire mutin sont particulièrement craquants.
C’est une véritable révélation pour cette actrice que l’on avait croisée furtivement dans la dernière adaptation d’Orgueil et préjugés et que l’on retrouvera avec grand plaisir dans l’une des grosses attentes de l’année : Wall street 2 Money never sleeps (film dans lequel elle a rencontré son conjoint : le bizarrement nommé Shia Labeouf).

On notera aussi la très bonne interprétation de la magnifique Rosemund Pike en Bombe sixties écervelée, le charisme de Peter Sarsgaard et son sourire de faux jeton ainsi que le charisme certain de Dominic Cooper en dandy british malveillant.

Tout cela apporte une saveur aigre douce à ce petit film réussi dont le sujet est somme toute assez banal.
Cependant cette saveur s’atténuera assez vite tant la portée de ce film est mineure.

Shutter Island

Note : 2/2

N’arrivant plus à vivre l’un sans l’autre Leonardo Di Caprio et Martin Scorcese signent avec Shutter island leur quatrième collaboration d’affilée depuis le début des années 2000.
Léonardo est encore loin de Robert de Niro qui a tourné huit fois avec Martin Scorcese de 1973 à 1995 parmi ses films les plus marquants (Mean streets, Taxi driver, Raging Bull, Casino et Les affranchis).

Néanmoins cette association entre Scorcese et l’un des acteurs les plus "bankables" du moment permet à Martin Scorcese de financer sans trop de problème tous les projets qui lui tombent sous la main avec des budgets plus que confortables.

Si l’on a été emballé par Les infiltrés, on a été nettement moins fasciné par Gangs of New York et ses grands chapeaux ridicules et par Aviator qui ne dépassait qu’à peine le biopic luxuriant de base malgré une mise en scène sans failles.

Malgré ce bilan mitigé des dernières années, on court toujours voir les films de Scorcese car il reste malgré tout l’un des plus grands cinéastes vivants.
Il sait en effet mieux que personne raconter une histoire aussi alambiquée soit-elle par sa maitrise de l’image, du montage, de la narration, et de l’illustration musicale et des personnages hors du commun.
On se souvient avec émotion du noir et blanc et du ralenti de Raging Bull, de la voix off et de la bande originale des Affranchis, du fameux plan séquence de Casino expliquant le fonctionnement d’un casino, des rôles hors du commun de de Niro dans Taxi driver ou de Joe Pesci dans Les affranchis et Casino.

Malgré toute cette maestria, Marty a aussi commis des films plus discutables comme A tombeaux ouverts, Les nerfs à vifs, Kumdun ou les deux premiers Di caprio qui n’ont emballé que les fans les plus intégristes de son cinéma.

Qu’allait-il en être de Shutter Island, cette adaptation d’un best seller ayant apparemment marqué bon nombre de lecteurs lors de sa parution en 2003 ?

L’enquête que mènent deux Marshall fédéraux sur la mystérieuse disparition d’une patiente d’un hôpital psychiatrique pour dangereux criminels sur une ile isolée va vite tourner en un thriller horrifique baigné de paranoïa et de schizophrénie.

Si l’interprétation et la mise en scène sans failles réussissent la prouesse de rendre les arcanes tortueuses de cette intrigue digne d’un labyrinthe complètement audible pour le spectateur, la noirceur extrême du sujet nous plonge dans un abyme de pessimisme et d’horreur à grand coup de massue.

Le plaisir qui en ressort est donc plus que discutable.
Lorsqu’on est devant des chef d’œuvres absolus comme Shining ou Appocalypse Now portés par des séquences à couper le souffle, on y trouve son compte car il en ressort un esthétisme et une ambiance proche du fascinant.
Ce n’est à mon sens pas le cas dans Shutter Island qui malgré tout le talent de son auteur n’arrive pas à obtenir ce petit plus propre aux très grands films d’épouvante qui pousse le spectateur au-delà du scénario et de ses vivicitudes.

L’association Caprio / Scorcese  nous offre un film carré, mais qui ne décolle malheureusement pas au dessus de sa sinistre histoire et c’est bien dommage...

jeudi 4 mars 2010

Valentine's day

Note : 1/4

Il ne fallait pas réfléchir trop longtemps pour se rendre compte que la Saint Valentin pouvait être un bon sujet pour des comédies romantiques.
Bizarrement jusque là, la Saint Valentin s’était contenté d’être le prétexte d’un film de "slasher" de seconde zone il y a une dizaine d’années.
Mortelle Saint Valentin mettait en scène un tueur qui profitait du 14 février pour décimer une par une les filles qui l’avait ridiculisée au collège quelques années plus tôt.
Pas grand-chose à retenir de cette série presque Z qui mettait en scène Denise Richards et ses implants mammaires laracroftiens dont l’inoubliable prestation en James Bond girl, docteur en astro physique, dans Le monde ne suffit pas, fait encore bien rigoler tous les fans de l’agent 007.

Il n’en fallait donc pas beaucoup plus pour que Garry Marshall, réalisateur spécialisé dans la comédie à l’eau de rose (Prety woman, Just married ou presque) s’empare de la thématique du 14 février.

Probablement financé par le conglomérat des fleuristes des États Unis, Marshall réunit un casting fleuve de spécialistes des films où on se dit je t’aime à la fin pour porter son projet.
On retrouve donc Julia Roberts, Bradley Cooper, Patrick Dempsey, Ashton Kutcher, Jessica Biel, Anne Hattaway, Jennifer Gardner, Shirley Mc Lane dans leur registre de prédilection.
Il ne manque que Meg Ryan, Hugh Grant et Richard Gere...

Pour mettre en scène tout ce petit monde Gary Marshall nous fait le coup de la transposition de Love Actually à Los Angeles le jour de la St Valentin plutôt que Noël à Londres.

Le problème c’est que le résultat de cette comédie chorale ou tout le monde se croise à un moment ou un autre est loin d’être au niveau de Love Actually dans lequel le British humour faisait des ravages et dont les histoires et les personnages et les histoires étaient beaucoup plus recherchées.

Valentine’s day nous offre des personnages et des émotions dégoulinants de mièvrerie et de politiquement correct et prend des allures de film de propagande et de cas marketing.

A en croire ce film, il fait bon vivre aux États Unis puisque tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.

Los Angeles semble être une ville magique ou n’existent que de splendides villas peuplée de top models exerçant des professions aussi diverses que maitresse d’écoles, fleuriste, assistante, sportif de haut niveau, opératrice de téléphone rose. La palme revenant quand même à Julia Roberts qui est Sergent dans le corps des Marines.
Les quelques rares personnes au physique moins avantageux sont toutes acariâtres et désagréables.

Tout ce petit monde se croise et finit par s’aimer le soir du 14 février qu’ils soient blancs, noirs, indiens, hétéro, gay, jeunes ou vieux.
Les violons, les larmes et le bon esprit sont de rigueur.

Par certains coté, le film fait même un peu peur !!!
En effet le film est aussi un document sur ce que peut être la Saint Valentin aux USA.
Comment peut-on tomber dans le panneau commercial et futile de cette fête artificielle à ce point là.
Que le ciel nous épargne de sombrer dans cet abime de mièvrerie en France.
En même temps c’est assez fort car les vendeurs de cartes et les fleuristes ont encore trouvé un moyen de se faire de l’argent avec une fausse fête traditionnelle.

Vive le marketing !!!

mardi 2 mars 2010

Wolfman

Note : 1/4

Comme Sherlock Holmes, Dracula, Frankenstein ou Robin des Bois, le loup garou est un personnage récurant du septième art.
Il réapparait à peu près tous les dix ans au gré de la pleine lune et des nouvelles générations avides de lycanthropie.

Sa première apparition remonte à 1935 avec Le monstre de Londres mais c’est la version de 1941 du Loup garou de Londres qui posera les codes du genre grâce notamment à la prestation de Lon Chaney Jr. qui est un peu au Loup Garou ce que Boris Karlof est à Frankenstein. Il reprendra plusieurs fois le rôle dans de multiples aventures assez discutables ou il finira même par affronter Frankenstein.

Le loup garou fit son retour plusieurs fois, mais ses come back les plus marquants sont sans nul doute Le loup garou de Londres de John Landis du début des années 80 qui marquera beaucoup Michael Jackson et son clip de Thriller.
Wolf donne à Jack Nicholson l’occasion de se transformer les soirs de pleine lune sous les beaux yeux de Michele Pfeiffer.
La série de films gore Hurlements mettra aussi en scène des loups garous pendant 7 films.
Dans les pénibles Underworld et Van Heisling, ils ne sont que des guest stars.
C’est donc depuis sa visite à Paris au début des années 90 qui l’avait vu côtoyé Julie Delpy et Thierry Lhermitte que l’on avait perdu sa trace sur les grands écrans dans sa forme traditionnelle.

2010 voit donc le retour de la bête.
C’est une production d’ampleur qui célèbre son retour en grande pompe. Avec un casting multi-oscarisé réunissant Benicio del Toro et Anthony Hopkins, cette énième version est un remake du fameux film de 1941.

On est donc plongé en pleine Angleterre du XIXème siècle, ou un homme revient enquêter sur la mort de son frère survenue dans des circonstances étranges un soir de pleine lune.
Son enquête lèvera le voile sur une terrible malédiction familiale et le plongera dans l’enfer de la lycanthrope malgré la passion amoureuse qui le liera avec la belle Gwen.

C’est donc un remake très fidèle au film de 1941 que nous propose le réalisateur.
C’est aussi l’occasion de rendre hommage au cinéma de la Hammer avec de gros moyens de 2010.
On retrouve l’esthétique gothique du célèbre studio. On retrouve la lande bien sinistre du Chien des Baskervilles. Tout cela mettant en scènes des aristocrates patibulaires.

Les effets spéciaux modernes rendent la bête terrifiante et offre au spectateur des scènes d’action sanguinolentes assez réussies.

Pourtant malgré tout cela le compte n’y est pas.
Si Anthony Hopkins nous ressert une fois de plus le classique de son fond de commerce avec le rôle d’un aristocrate anglais qui fait froid dans le dos, on ne croit pas une seconde au personnage de Benicio del Toro.
En effet, s’il n’était pas le producteur du film, on serait clairement dans l’erreur de casting absolue.
Malgré tout son immense talent Benicio del Toro ne sera jamais crédible en lord anglais victorien lui qui ressemble tant à un narco trafiquant ou à Pancho Villa.

De plus, malgré des qualités esthétiques évidentes, le film n’apporte rien de neuf au mythe.
Pire on ne croit même pas à l’histoire d’amour qui doit ramener de l’humanité dans l’histoire.

On est loin de la relecture de Dracula par Copolla ou même de celle de Sherlock Holmes par Guy Ritchie.

Le film finit donc par sonner un peu creux sans être fondamentalement mauvais mais laisse le spectateur assez indifférent.
Clairement on n’ira pas voir la suite qui nous est clairement annoncée dans les dernières minutes si un jour elle a la chance d’être produite.

lundi 1 mars 2010

From Paris with love

Note : 3/4

On pouvait craindre le pire de ce From Paris with love !!
Le mix Travolta + film d’action + scénario écrit sur un ticket de métro par Luc Besson pouvait dangereusement évoquer les méfaits les plus pathétiques d’Europa Corp. (Wasabi, Le transporteur, Yamakasi...).

C’était sans compter sur l’indéniable talent du réalisateur Pierre Morel.
Déjà remarqué sur Taken, Pierre Morel a la faculté rarissime de faire passer des vessies pour des lanternes.

En effet, il arrive à  accrocher le spectateur dans ce film d’action "old school".
On est devant un "buddy movie" où deux agents tentent de remonter une filière et de déjouer un attentat terroriste visant une délégation américaine en plein Paris.
Bien sûr au-delà de son claim le scénario nous emmène sur une enquête qui oppose nos deux protagonistes tour à tour à la mafia chinoise, la mafia pakistanaise, des gangs de banlieues avant de terminer sur les fanatiques islamistes qui, une fois n’est pas coutume, arrivent à recruter des top models pour jouer les martyrs kamikaze.

Les deux héros, que bien évidemment tout oppose, ont bouffé du lion et retournent littéralement tout Paris à coup de revolver, et de bazooka.

On est dans le grand n’importe quoi mais cela n’a aucune importance !!

Pas crédible une seule seconde, bourré d’invraisemblances le scenario de From Paris with love est en réalité un prétexte pour enchainer les scènes d’actions les plus musclées et les plus délirantes qui soient avec des cascades époustouflantes.

La patte de Pierre Morel fait qu’on ne se retrouve pas dans un ersatz du Transporteur mais dans un film d’action complètement régressif mais hyper distrayant comme on en voit presque plus.
On est dans l’esprit des Armes fatales, des Die hard, du Dernier samaritain, de Tango et cash  et d’Ultime décision...
Bref on est assez loin des blockbusters actuels ou une scène d’action rime forcement avec effets spéciaux et explosion nucléaire filmés en caméra portée avec un montage stroboscopiques.
On est dans un esprit castagne, gunfight un peu bourrin assez éloigné du style de vie des Windsor mais particulièrement jouissif pour peu qu’on apprécie le genre.
On s’accroche au fauteuil en comptant les morts tout en rigolant bêtement aux vannes des personnages principaux.
L’opposition entre un Travolta et son personnage de tueur nettoyeur azimuté bouffant des "Royal cheese" (clin d’œil) et Rhys Meyer en jeune diplômé dépassé par les évènements trimbalant un vase rempli de cocaïne dans tout Paris comble avec bonne humeur les rares moments de calme de cette aventure.

Vous l’aurez compris, les inconditionnels de films d’auteurs, de Kiarostami et d’Alain Resnais ne se reconnaitront pas dans cette déflagration de Pierre Morel.
On est dans du pur "B Movie" bête et méchant qui se suffit à lui-même.
Mais Pierre Morel  nous offre une nouvelle fois un excellent "B movie" en ne partant de presque rien et en ne pouvant compter que sur son talent.
En occultant la moindre longueur, en imprégnant un rythme constant, en signant des scènes d’actions aussi magistrales que brutales il arrive à faire prendre cette mayonnaise aux ingrédients pourtant bien avariés... Que ce soit le casting ou le scénario !

Dans son prochain film, ce sera différent.
Il bénéficiera d’un vrai scénario et de moyens énormes.
Son prochain film suscitera une attente toute autre qu’une série B d’action (aussi bonne soit elle).
Son prochain film est déjà attendu par de nombreux fans.
Son prochain film ne sera ni plus ni moins qu’une nouvelle adaptation de… Dune
Avis aux amateurs !!!!

mercredi 24 février 2010

Sherlock Holmes

Note : 4/4

Le célèbre détective de Baker Sreet est l’un des personnages récurrent du 7ème Art.
Les adaptations de ses exploits se comptent par dizaine depuis le début du XXème siècle que ce soit au cinéma ou à la télévision.
La plus marquante à mes yeux est sans nul doute l’adaptation du Chien des Baskerville par la Hammer avec Peter Cushing dans le rôle du détective.
Sherlock Holmes contre Jack l’éventreur, La vie privée des Sherlock Holmes, Meurtre par décret et Sherlock Holmes attaque l’orient express sont aussi de bon crus même s’ils ne révolutionnent pas grand-chose dans le mythe Holmesien.

Le mystère de la grande Pyramide de Barry Levinson est un film produit par Steven Spielberg qui revisite allégrement et avec bonheur le mythe en se concentrant sur la jeunesse d’Holmes et ses rencontres avec le Docteur Watson et le sinistre professeur Moriarty.

On ne peut passer sous silence les adaptations d’une dizaine enquêtes d’Holmes avec Basil Rathbone entre 1939 et 1946 qui ont longtemps été la référence absolue même si elles sont aujourd’hui un peu désuètes.

A la télévision, Holmes est apparu lors de nombreux téléfilms ou séries.
Christopher Lee, Roger Moore, Peter Cushing, Matt Fewer ont tenu le rôle, mais le plus marquants a sans doute été Jeremy Brett dans une série fleuve considérée en terme d’interprétation des personnages comme la plus fidèle à l’univers de Conan Doyle.

Des versions en dessin animées ont été faite dont une par Walt Disney avec Basil détective privé et une par Myasaki sous la forme d’une série ou le célèbre détective porte les traits d’un renard.

Malgré toutes ces adaptations, Holmes était absent des écrans depuis une grosse vingtaine d’années.
L’annonce de son retour aux affaires sur grand écran n’a pas manqué d’aiguiser la curiosité du fan que je suis.

Pourtant les premières infos distillées sur les blog et forums n’étaient pas enthousiasmantes.
Là ou on espérait voir Billy Nighy en Holmes et Kenneth Brannagh en Watson, Guy Ritchie nous annonçait le recrutement de l’américain cocaïnomane Robert Downey Junior et du play boy Jude Law pour tenir les rôles d’une adaptation moderne en rupture avec les codes habituels de l’univers d’un Holmes traditionnel.

L’inquiétude atteignait son comble lors de la parution des bandes annonces qui semblaient nous promettre un Holmes cuisiné à la sauce super héros avec un zest d’Underworld et d’Arme fatale.

C’est donc assez fébrilement que l’on prenait place dans une grande salle des Champs Elysées pour voir réellement ce qu’il en était.

Contre toute attente le film de Guy Ritchie est excellent.
C’est un blockbuster réussi, divertissant, bien rythmé, bien interprété et effectivement résolument moderne dans son traitement visuel et en rupture avec la vision du Holmes victorien.

Robert Downey Junior campe un Holmes attachant, vif, bagarreur, plein d’humour et assez jeune. Jude Law révolutionne l’idée que l’on a du Docteur Watson en incarnant un séduisant homme d’action à rebours du rat de bibliothèque que l’on avait coutume de voir dans les films de Sherlock Holmes.

Visuellement, Guy Ritchie nous offre un Holmes spectaculaire avec des effets Matrix et des découpages et de micros flash back ou retour en arrière dans tous les sens afin de bien refléter l’agilité mentale de son personnage, tout en menant en bateau le spectateur

De plus malgré tout se modernisme, force est de constater que l’esprit et ce que l’on aime dans les aventures de Sherlock Holmes est bel et bien là.

L’intrigue est elle aussi au niveau. Elle est si bien menée que le spectateur y perd son latin et comme Holmes et Watson ne sait plus s’il s’agit d’une énigme rationnelle ou totalement fantastique.

Du coup on ne s’ennuie jamais dans ce pur film de divertissement à l’esprit bande dessinées et comics book assumé qui ravira plusieurs générations de fans et qui je l’espère fera découvrir ce fascinant personnage à une nouvelle génération.

Le Sherlock Holmes de Guy Ritchie dépoussière le mythe et donne une version aussi intéressante et novatrice que celle qu’a pu donner Christopher Nolan a avec son Batman begins.
On en redemande !!!!

dimanche 21 février 2010

La princesse et la grenouille

Note : 4/4

Cela n’a l’air de rien, mais La princesse et la grenouille est un évènement !!
Certes un nouveau film de Disney est toujours un évènement.
Bien sûr, avoir une héroïne Black quelques mois après l’élection de Barrack Obama est un signe qui ne trompe pas sur l’identité américaine en ce début de XXIème siècle.
Mais à mes yeux l’évènement se situe ailleurs !!

La vraie révolution de ce nouveau Disney est un retour en arrière.
En effet à l’heure ou animation rime avec Pixar et la 3D, les studios Disney s’offre le plus beau des retours en arrière : Ils reviennent à la 2D et à l’animation traditionnelle.

On se rend compte devant ce film particulièrement réussit combien les couleurs chatoyantes et la chaleur des personnages de dessins animées nous manquaient.

Bien sûr, Pixar, c’est bien, inventif, novateur, révolutionnaire, drôle et bourré d’idées, mais la 2D de la princesse et la grenouille a des allures de madeleine de Proust.
Clairement les personnages 2D (Mowgli, Blanche Neige, Jasmine, Peter Pan, …) sont plus vivants et ont d’avantage de charme que n’en n’auront jamais Shreck, et les personnages de Toy Story.

Au-delà de cet aspect esthétique, La princesse et la grenouille est une vraie réussite.
C’est de très loin le meilleur Disney depuis Le roi lion.
Il faut dire que le célèbre studio nous avaient particulièrement déçus ces dernières années avec bon nombre de film ratés et assez loin de l’idée qu’on se fait de la magie de Disney.
Tarzan, Le bossu de notre dame, Kuzco, l’empereur mégalo, Hercule, l’Atlantide ont été des échecs à tout point de vue.

On avait même peur que Disney ait oubliée la recette de ses films et ne soit plus qu’un sinistre vendeur de produits dérivés ou un gestionnaire cupide de Parc d’attraction.

La princesse et la grenouille nous prouve le contraire.
Dans ce conte qui prend place à la Nouvelle Orléans, ou une jeune servante se transforme en grenouille après avoir embrassé un prince lui-même transformé en grenouille, le spectateur est transporté dans une vaste odyssée qui le verra traverser le bayou, rencontrer des personnages hauts en couleurs, rire, pleurer comme à la grande époque.

Coup de chance, le film se déroulant à la nouvelle Orléans, l’accent musical est mis sur un jazz certes édulcoré, mais bien vivant qui marque une solide rupture avec les terrifiantes chansons des derniers films interprétées par des clones au vibrato gonflé à la testostérone de Céline Dion ou de Maria Carey.
On ne peut que s’en réjouir.

La princesse et la grenouille célèbre donc le grand retour de Disney et ravira les enfants et leurs parents, mais peut être un peu plus les filles que les garçons.

Gainsbourg (vie héroïque)

Note : 3/4

Peintre, musicien , écrivain, compositeur, réalisateur, auteur, acteur, showman, homme à femme, juif, père de famille, alcoolique, cultivé, désespéré, drôle, énervant, laid, sale, talentueux, scandaleux, génie, voleur, dandy, obsédé, sympathique, généreux, schizophrène, menteur, affabulateur, sensible, paresseux, fumiste, fumeur, provocateur...

Les qualificatifs ne manquent pas pour ce personnage qui a marqué son temps et qui le fascine encore les gens 20 ans après sa mort.

20 ans il n’en fallait pas plus pour qu’un film biographique lui soit consacré.

Le biopic contrairement aux idées reçues n’est pas une spécialité hollywoodienne. Cela dit les sommets du genre sont souvent américains.
C’est un genre ultra codifié (enfance, traumatisme, succès, traumatisme, come back et postérité) dont le résultat semble toujours un peu surfait ou le traitement un peu édulcoré par rapport à l’idée qu’on se fait du protagoniste.

Faire un film de deux heures sur Serge Gainsbourg et ses multiples facettes relevait clairement de la mission impossible tant le personnage est complexe et encore bien présent dans la conscience collective.

Pour cela, il fallait trouver l’acteur qui relèverait la mission d’incarner l’homme à tête de chou.
Ce défi est relevé au-delà de toutes les espérances grâce à une performance ahurissante de l’inconnu Eric Elmosnino qui fait oublier au spectateur qu’il n’est pas le grand serge.

Le reste du casting est d’ailleurs sans failles. Tous les acteurs sont plus que crédibles, de Mougalis à Philip Katerine, mais la palme revient sans doute à Lætitia Casta qui transfigure le coté Iconique de Brigitte Bardot.

Pour ce qui est de la vie, le réalisateur et auteur de BD Jeannot Swarc a prit la décision de ne pas s’imposer les barrières de la reconstitution fidèle dont il ne serait pas sorti indemne.

Le film tente de nous expliquer quel homme était Serge Gainsbourg.
L’idée est de montrer à travers quelques moments choisis, fantasmés, caricaturés ou édulcorés ce qui le faisait avancer, ce qui le rendait si séduisant, si provocateur et si torturé tout en montrant l’ampleur de son œuvre.

De sa plus tendre enfance jusqu’à ses derniers jours, Jeannot Swarc rend palpable la schizophrénie de Gainsbourg et de son double Gainsbarre en l’illustrant par une grosse marionnette qui agit sur le personnage tel un petit diablotin rouge qui passe son temps à vous entrainer du coté obscur. Très présent lors des jours sombres, ce double n’est jamais bien loin lors des grandes heures.

Jeannot Swarc nous montre un personnage désespérément humain, bourré de valeurs mais totalement décalé, au verbe lapidaire, au second degré omniprésent et à l’humour au vitriol.
Tout cela renforcé par son coté dandy rive gauche et son génie créatif dépeint un personnage hors norme et fascinant, qui explique aisément son succès auprès du public et des femmes.

Le film rend aussi hommage à l’œuvre de Gainsbourg à travers les larges extraits de ses chansons brillamment réinterprétés mais aussi grâce à la transposition de l’univers de ses chansons dans les décors du film.

Quand il va chez le coiffeur, on est "chez Max coiffeur pour Homme".
Melody Nelson n’est jamais loin des groupies qui pullulent lors de la période sixties...

Tout cela donne un film singulier très poétique qui s’approche plus du film d’auteur que du gros blockbuster boursouflé et sans âme à la Ray ou à Walk the line.
A y regarder de plus près, l’esthétique du film est même assez fascinante. Son coté cliché ne dessert jamais le film. Au contraire, il le renforce.

Au-delà de ses qualités, le film ne fera pas forcement mouche puisqu’il décevra beaucoup de spectateurs qui ne seront pas sensibles à la poésie, à l’esthétisme et au coté décalé du film et qui ne veulent que découvrir ou revoir tel qu’ils en ont le souvenir ce personnage incontournable de la culture française du XXème siècle.
A ceux-là, on conseillera un bon documentaire sur la star, ce qui n’est pas très compliqué à trouver ou la lecture l’excellente biographie de Gilles Verlant.

dimanche 31 janvier 2010

Ou sont passés les Morgan

Note : 1/4

On a tous des faiblesses pour certains acteurs, réalisateurs, chanteur, films…
Parfois ces faiblesses sont totalement inexplicables et sont parfois même totalement coupables.
De manière inexpliquée, certains personnages bénéficient d’une impunité totale.
Une impunité qui perdure contre vents et marées et qui finit par devenir totalement irrationnelle.
Si la liste n’est pas démesurée, elle est tout de même assez longue.
Christophe Lambert est un de ceux-là.
Longtemps je lui ai tout pardonné. Fasciné par son début de carrière tonitruant (Tarzan, Highlander, Le sicilien, Subway), son succès des deux cotés de l’atlantique et son capital sympathie légendaire, je suis resté un fan assidu. Je lui ai souvent trouvé des excuses dans des films inexcusables (Fortress, Deux doigts sur la gâchette, Why me, Résurrection).
Je suis l’un des principaux ambassadeurs de certains de ses films que je considère limite comme des trésors cachés (Max et Jérémie, La proie, Le sicilien). J’ai même trouvé la patience de voir certains de ses films directement sortis en vidéo (Adrénaline, Roadflower, Gideon, Gun men).
Seuls Vercingétorix et Beowulf sont venus à bout de cet entêtement.
Sa liaison avec Sophie Marceau est une sorte de revanche à mes yeux car elle montre à qui en doutait que notre Lambert national n’est pas dépourvu de ressources.

Depuis son cultissime Zoolander, Ben Stiller est de ceux là aussi. Sa bouille me fait rire.
Je suis fan même du plus mauvais de ses films. Je vais voir Les nuits aux musées. Je kiffe ses comédies romantiques, Polly et moi et sa fameuse scène de retour de restaurant indien inclus.

Plus jeune, je me passionnais sincèrement pour les aventures du Colonel Bradock et de la Delta Force de Chuck Norris. Du coup j’aime Chuck Norris presque autant que Christophe Lambert. Seules ses prouesses de vendeur de matériel de culturisme sur le télé-achat et le Walker Texas rangers ont eu raison de ma dévotion.
Mais je prends encore mon pied devant Invasion USA, même si je l’apprécie différemment.

D’autres comme Sean Connery ou Harrison Ford sont pour moi pardonnés de tout même de Haute voltige et de Fire wall.
Hugh Grant a une place de choix au milieu de cette distribution prestigieuse.
Bien que totalement hétéro sexuel, je suis comme beaucoup sous le charme de Hugh Grant.
Ce mec me plait avec son allure british, ses costumes de chez Hackett, sa fausse timidité, sa maladresse légendaire et son humour auto flagellatoire plein de second degré.
Souvent je me dis que ce doit être quand même plus facile avec les filles quand on est Hugh Grant. Je verrai d’ailleurs d’un assez bon œil le fait de me réincarner en Hugh Grant si j’étais bouddhiste.

Je ne rate aucun de ses films, pire j’y trouve presque mon compte à chaque fois.
Je jubile devant 4 mariages et un enterrement, Coup de foudre à Notting Hill, Love actually ou Pour un garçon qui sont à mes yeux ses meilleurs films.
Je trouve plein de circonstances atténuantes au Come back, American dreamz ou L’amour sans préavis. Je supporte Bridgett Jones et Raisons et sentiments. Je suis l’un des seuls spectateurs au monde à avoir trouvé son seul et unique film d’action Mesure d’urgences pas si mauvais que ça.
Je suis toujours content de le voir dans des films de jeunesse ou on ne l’attend pas forcement comme Maurice, Lune de Fiel, Les vestiges du jour ou L’anglais qui gravit une colline.
Bref je ne suis pas objectif devant un film de Hugh Grant, mais je l’assume.

Fainéant assumé, Hugh Grant ne se foule plus depuis longtemps et vit allègrement sur son capital sympathie et ses irréductibles fans.
Malgré ses 50 ans et le fait qu’il n’est plus un jeune premier son coté séducteur est intact et pourrait sans peine déclencher des émeutes beatlessienne dans une boite de nuit le soir des résultats du baccalauréat.

De moins en moins présent au cinéma, Hugh Grant ne sort de sa tanière que pour relever les compteurs.

C’est avec Ou sont passés les Morgan qu’il vient ces jours ci recharger son compte en banque avec beaucoup de désinvolture et un sourire charmeur.

La guest star est incarnée par l’ignoble Sarah Jessica Parker qui pousse son rôle d’intégriste New Yorkaise encore plus loin que dans Sex in the City. Elle forme un couple au bord du divorce avec un avocat anglais qui met toute son énergie à recoller les morceaux.

A la suite d’un meurtre, le couple se retrouve pourchassé par un tueur à gage et doit se réfugier en plein cœur du Wyoming.

On assiste alors à un pale remake de Bienvenue chez les Chtis qui voit ces new yorkais végétariens addicts à leur Iphone et à leur psy plongés au beau milieu des rodéos qu’organisent des cowboys faisant des barbecues sur de la musique country au milieu du mid-west.

Clairement le film est débile et n’a absolument aucun intérêt à part celui de voir les deux têtes d’affiches cabotiner à l’extrême dans leur registre favori.

On est donc dans le service minimum pour Hugh Grant dans ce film réalisé par son pote Mark Lawrence qui avait déjà mis en scène le Come Back.

Les mimiques et les blagues décalées de Hugh Grant arriveront à donner un semblant d’intérêt à ce nanard. Encore faut-il comme moi les apprécier.
1 sur 4 quand même car je ne suis pas objectif.

samedi 30 janvier 2010

Mr Nobody

Note : 3/4

Un Ovni est un film comme on n’en voit pas ou peu que ce soit dans sa forme, ou dans son propos. Il peut être compris ou incompris, aimé ou détesté mais ne laissera personne indifférent.
C’est un film qui peut être novateur, surprenant, dérangeant, déconcertant, irrévérencieux et politiquement incorrect.
Bref c’est un film qui transgresse les codes qu’ils soient narratifs, visuels, émotionnels pour proposer un autre regard au spectateur.

Les grandes évolutions qu’a connu le cinéma viennent souvent de réalisateurs novateurs qui ont lancé des pavés dans la marre pour troubler le spectateur et pour entrainer le cinéma plus loin qu’il ne l’était.

Des films comme les premiers Godard étaient des ovnis puisqu’ils tranchaient totalement avec l’académisme en vigueur dans le cinéma Français de l’époque.

Citizen Kain était un ovni puisque son mode narratif était inédit pour l’époque. C’est en effet le premier film marquant à utiliser le flash back et la voix off.

Que dire de l’œuvre de David Lynch ou de Jodorowski dont on ne sait pas ou peu ce qui relève du fantasme ou de la réalité.

Le propos irrévérencieux au-delà du politiquement incorrect de certains films en font des ovnis : C’est arrivé près de chez vous, Attention les enfants regardent.

Léone en réinventant les codes du western était un concepteur d’ovnis comme on n’en avait pas vu avant. Son style visuel et narratif était nouveau et archi dérangeant pour beaucoup.

Kubrick par son éclectisme et la diversité de ces choix et le traitement narratif ou visuel de ces films est un auteur d’ovnis qui riment avec chef d’œuvres.

Mr Nobody est un Ovni. Il mêle beaucoup de composante d’UFOlogie à la fois et nous emmène aussi dans une forme d’inconnu.

Jako Van Dormael, réalisateur belge, auteur de deux films assez marquants et primés un peu partout (Le huitième jour et Toto le héros) fait son retour avec Mr Nobody après 10 ans de silence.

Lorsqu’on demande au plus vieil homme du monde dans un futur assez lointain quel est le moment marquant de son existence, celui-ci se souvient d’avoir eu un choix cornélien à faire. A neuf ans il a du choisir entre partir vivre avec son père ou sa mère.
Les différentes réponses à ce choix allaient lui proposer des conséquences et des itinéraires de vie différents.
Ce sont ces différents itinéraires que Jako Van Dormael nous raconte en ne sachant plus quel est celui qu’a réellement emprunté son personnage principal ou ceux qu’il a fantasmé.

Mr Nobody devra néanmoins s’en approprier un pour donner un sens à sa vie et mourir en paix.

Si le thème du choix et de ses conséquences a souvent été évoqué au cinéma - on pense assez facilement à Smoking / No Smoking d’Alain Resnais - l’angle prit par Van Doermal est totalement inédit.

Jako Van Dormael a mis sept ans pour écrire son film.
On comprend aisément pourquoi son scénario est si dense.

Plutôt que de traiter tous les itinéraires de Mr Nobody d’un point de vue linéaire et parallèle, le réalisateur fait le choix de les imbriquer les uns dans les autres afin que le spectateur ne sache pas quel est le vrai et qu’il s’identifie à la confusion du personnage principal qui ne sait plus quel est son véritable passé.

A travers ces itinéraires, Jako Van Dormael consacre des très grandes parties du film à une foison de sentiments qui font la nature humaine : actes manqués, la nostalgie, l’amour, la volonté, la dépression, l’arrivisme, la frustration, l’honnêteté, le rêve…

Tous cela propose un scénario très complexe dans lequel on perd un peu son latin par moment tant cela part dans tous les sens. C’est d’ailleurs la grosse faiblesse du film.

En revanche Mr Nobody est totalement extraordinaire à d’autres niveaux.
D’un point de vue visuel, le film comprend plus de créativité que dans 99% des films sortis en 2009 réunis.
Les décors, prise de vues sont délirants.
Même si l’on retrouve certaine influences comme le cinéma de Jeunet, le Kubrick de 2001, le Lucas de THX 1138, et de nombreuses références au cinéma français, c’est un style totalement propre que nous propose Van Doarmel. Un style qui atteint une virtuosité incroyable par moment.

Cet aspect visuel est renforcé par un montage complètement maitrisé qui promène le spectateur sur une période de 125 ans dans des pays différent, des vies différentes en entretenant ce sentiment de confusion global que le spectateur doit ressentir pour se sentir proche du personnage principal.

Jared Leto est époustouflant dans les facettes multiples de son personnage qui n’en est pas un mais plusieurs à la fois.
Les 3 actrices principales sont toutes assez fascinantes dans leur style avec une mention spéciale pour une Diane Krugger en brune dont l’éclat transfigure l’écran.

Mr Nobody est un film de réalisateur. Tout amateur d’images et de réalisation y trouvera son compte et risquera d’étudier ce film pendant de nombreuses années tant il fourmille d’idées novatrices et de scènes jamais vues.
En revanche sa complexité lui fera perdre pas mal de spectateurs. Il n’y a pas de twist off, de linéarité. Son montage et son fil narratif déconcertant sont trop indigeste pour le grand public.

Cela n’empêche pas le film d’être une véritable prouesse et moment de cinéma comme on en voit peu.

Jako Van Doermal est un auteur à part entière. Son film est un film d’auteur avec tout ce que cela comporte mais un très beau et bon film d’auteur.
On est à des années lumières du box office et des projections tests pour ado mais peut être pas si loin que cela de l’éternité.

vendredi 29 janvier 2010

Invictus

Note : 2/4

Invictus est le troisième film de Clint Eastwood en 1 an après L’échange et Gran Torino. A bientôt 80 ans la star est clairement à l’heure actuelle le cinéaste majeur le plus prolifique de son temps.

Invictus jette un coup de projecteur sur la manière dont Nelson Mandela s’est servi de la coupe du monde de rugby et des springboks pour créer une cohésion nationale en Afrique du Sud au lendemain de son élection et de la fin de l’apartheid.

Cette page d’histoire importante raconté dans le film met en valeur le coté visionnaire, et la personnalité fascinante de l’ancien leader de L’ANC.

Morgan Freeman livre une très bonne interprétation et habite le personnage en faisant ressortir une intelligence de tous les instants, et la bonté absolu qui a tout sacrifié pour l’amour de son pays et de ses concitoyens.

On ne peut pas en dire autant de Matt Damon qui incarne François Pienar le capitaine charismatique des Springboks durant la coupe du monde 1995.
Sa prestation est d’une transparence absolue. Le leader charismatique qu’il doit être donne une image d’un homme effacé sans envergure et particulièrement timide.
C’est probablement du au fait que le rugby est un sport totalement inconnu aux États Unis, et que Matt Damon est du coup totalement étranger à l’engagement, aux valeurs et à la mentalité qu’il faut pour s’imposer dans ce sport.
Les réunions de l’équipe sont à peine plus consistantes et enflammée que celle d’une patrouille de louveteaux

Tout le traitement du rugby est un peu édulcoré car même les matchs dont il est question dans le film ne ressemblent en rien au combat que représente un match de coupe du monde de rugby.

C’est un peu embêtant, car du coup le film parait assez polissé malgré une réalisation solide et académique dont Eastwood est coutumier.

Clairement, même si le film est loin d’être mauvais et que son attrait historique est indéniable, il vaut mieux voir un documentaire sur le sujet ou les matchs d’époque qui témoigneront d’avantage de l’intensité de cette page d’histoire.

Il est clair qu’aucun film traitant de sport de haut niveau en dehors de la boxe ne réussit à être complètement crédible au cinéma.

Les tentatives sur le foot avec Goal ou A nous la victoire ont été un peu light.
Le tennis est absent du cinéma.
Les films sur le baseball comme Le meilleur ou Les indians relève de la BD pour jeunes.
Seul L’enfer du dimanche d’Oliver Stone sur le foot américain semble tirer son épingle du jeu même s’il est très fatiguant à regarder car entièrement filmé en camera à l’épaule.

Cette tentative d’Eastwood sur le rugby ne sera pas plus concluante.