lundi 23 novembre 2009

Et pour quelques dollars de plus


Note : 4/4

Après Il était une fois la révolution il y a quelques semaines, le Grand Action nous donne la rare possibilité de voir des Sergio Leone sur grand écran.

Cette fois-ci c’est Et pour quelques dollars de plus que nous avons la possibilité de revoir.

Et pour quelques dollars de plus est le second volet de la trilogie des dollars.

Le premier volet était Pour une poignée de dollars qui, loin s’en faut, n’est pas le meilleur film de Sergio Leone. Il avait toutefois le mérite de poser les codes de sa vision du cinéma et du western.

Avec le recul, ce film fut un énorme pavé dans la mare, un vrai film Punk !!!
En présentant l’Ouest Américain comme une terre désolée, peuplée de tueurs et de racailles n’ayant d’autres scrupules que l’avidité de l’or et la cruauté la plus bestiale. Il est clair que l’approche de Léone dénotait par rapport à l’ouest triomphal de John Wayne et John Ford.
Outre cette représentation, le film de Leone introduisait un anti héros sans foi ni loi interprété par un inconnu du public, Clint Eastwood dont on ne sait rien, même pas le nom.
Avec un budget proche du néant, des dialogues plus que basiques, une photographie exceptionnelle apportant une vision totalement neuve au cinéma et une première collaboration avec Morricone, Léone remporta un succès inespéré.
D’autant que comme tous ces westerns, le Far West fut filmé à Almeria en plein Andalousie avec des figurants italiens et espagnols.

Fort de ce succès, il obtint un budget plus consistant pour réaliser son deuxième western Et pour quelques dollars de plus.
En assumant complètement son style, Léone poussa le bouchon encore plus loin et donna une vision encore plus personnelle et un bien meilleur film.

Sur les deux heures du film, les trois premiers quarts d’heures ne servent qu’à présenter les trois personnages : Deux chasseurs de primes et un outlaw de la pire espèce. Dans cette présentation, on ne sait rien de leurs vies, à peine leur noms mais on comprend à qui on a à faire et comment ils fonctionnent.

L’histoire ne se déclenche donc qu’au bout de 45 minutes, ou l’on comprend que les deux chasseurs de primes sont contraints de s’associer afin de mettre la main sur le terrible outlaw appelé l’Indien.

Après un braquage de banque et bien des péripéties, tout ce petit monde se retrouve dans un petit village près du Mexique appelé Agua Callente, un village où l’on n’aime pas beaucoup les étrangers.

C’est dans ce village que les protagonistes abattront leurs cartes. Certains sont venus pour l’or et d’autres pour se venger.

Présenter comme cela, ca ne donne pas vraiment envie et semble assez classique.

Cependant la mise en scène que fait Sergio Léone de cette histoire transfigure le film et nous livre l’un des 5 meilleurs westerns de tous les temps.

Il nous offre une vision onirique de tous ces évènements.

La chorégraphie réalisée avec la musique du maestro Ennio Morricone magnifie les scènes en leur donnant une ampleur inégalée quasi biblique.

Chaque scène est un chef d’œuvre photographique.

L’attitude et la dégaine des personnages ou s’entremêle parodie, réalisme et cynisme leur donne une personnalité et un charisme rarement atteint sur un écran de cinéma.

Les scènes d’anthologie se succèdent (le braquage de banque, la provocation de Klaus Kinski…) pour finir sur un final délirant sous la forme d’un duel au milieu de la poussière ou la vérité éclatera au son de la musique de Morricone et avec l’intervention de Clint Eastwood.

L’interprétation de Gian Maria Volonte en pistolero violent et exalté fait froid dans le dos. Le cynisme d’Eastwood et les yeux de vautour de Lee Van Cleef porte ce film au sommet du cinéma de genre.
Un sommet qui sera d’ailleurs franchi avec le troisième film de cette trilogie qui atteindra à mes yeux le firmament du 7eme art : Le bon la brute et le truand.

A la suite de cela Léone entamera une nouvelle trilogie. La trilogie des « Il était une fois » qui donnera une vision de la construction du continent Américain à travers le crime, le vice et la vengeance et dont la portée cinématographique sera aussi bonne voire meilleur que la trilogie des dollars.

Comme Stanley Kubrick, Sergio Leone mourut trop jeune en n’eut pas le temps de réaliser un film sur la bataille de Stalingrad qui, d’après les phantasmes de nombreux fans, promettait d’être au film de guerre ce que la trilogie des dollars fut au western.
Il se murmurait aussi que ce projet aurait été aussi le premier volet d’une nouvelle trilogie.

On en rêve encore !!!

vendredi 20 novembre 2009

Muse - Palais Omnisport de Paris Bercy, 17 novembre 2009

Note : 3/4

Si l’on laisse de coté les vaches sacrés comme les Stones, AC/DC, U2 dont les albums ne présentent plus d’intérêt depuis des années et ne sont qu’un prétexte afin de promouvoir de gigantesques tournées best of, Muse est probablement avec Radiohead et les horribles Coldplay le groupe de rock le plus populaire de son époque.

Je ne débattrai pas sur le fait que ce constat nous amène à penser que l’on vit une triste époque d’un point de vue rock, car le concert donné par Muse à Bercy mérite bien plus d’attention.

Certes, je ne suis pas un grand fan ou connaisseur de la musique de Muse. Le trio de Matt Bellamy n’évoque à la base pour moi que des singles percutants chantés par une voix fortement influencé par Jeff Buckley et Thom Yorke. Une sorte de Radiohead du pauvre en plus énergique, plus pop et moins aventureux mais toutefois infiniment supérieur à ces geignards de Cold Play.

Toutefois avant de parler de ce concert qui a bousculé mes préjugés sur ce groupe je voudrais faire un aparté sur deux sinistres personnages : Pierre Parat et Michel Andrault.

Ces noms ne vous sont pas familiers, mais tout amateur de musique live vivant à Paris subit depuis des années les conséquences insupportables de leur travail désastreux et obsolète.

En 1983 ces deux architectes ont conçu le Palais Omnisport de Paris Bercy.
Cela fait donc plus de 25 ans que nous subissons l’effroyable acoustique de ce sale bloc de béton.
Combien de concerts ont été ruinés par cette caisse de résonance pourrie. La liste est infinie, mais pour ma part je retiendrai les performances endommagées de Neil Young, Simon and Garfunkel, Metallica, Johnny, Cure, Depeche Mode et j’en oublie…
Outre l’acoustique, sa forme rectangulaire est une insulte à la mise en place d’un concert digne de ce nom, surtout quand on voit des architectures comme celle de l’O2 arena de Londres ou du Zénith de Rouen avec leur conception en amphithéâtre et une architecture dédiée à l’acoustique et au son.

A l’heure ou une place de concert coute un bras, la moindre des choses serait de pouvoir y assister dans de bonnes conditions.
50 ou 100 euros pour ne pas entendre une voix ou une guitare c’est très très cher
Si le POPB est une bonne salle de sport (tennis, basket, moto) il faut impérativement que la ville de Paris se dote d’une grande salle digne de celles de Londres (O2 ou Brixton academy).

Revenons à Muse.
Le concert du 17 novembre aurait peu être un concert exceptionnel s’il n’avait pas été joué à Bercy. Non pas que la salle ait été trop grande, mais l’acoustique a encore fait des siennes et c’est bien dommage.

C’est dans une salle sold out depuis des mois que Muse défendait son nouvel album : Resistance.
Le public était survolté et étonnamment mixte et assez jeune. Les vieux routards des seventies et les jeunes quadra presque plus dynamique n’avaient pas répondu présents.

Première évidence, Muse assume son statut de gros groupe de stade avec brio.

La mise en scène est exceptionnelle et assez novatrice.
Les trois membres du groupe attaquent le concert avec un extrait plus qu’efficace de leur nouvel album juché sur trois immenses cubes sur lesquels sont projetés des images et un light show laser digne d’un épisode de Star Wars.
On en prend plein les yeux où que l’on soit placé. Cette scène est à toute épreuve et doit pouvoir faire son effet dans les plus grands stades, ce qui est rarissime.

Les cubes apparaitront et disparaitront au gré de des chansons.

Les chansons, parlons en!!!
Sans être fan du groupe, on s’aperçoit assez vite qu’on en connaît une majeure partie (et pas seulement les classique d’Orygin of symetry comme Bliss ou Plug in baby).
On s’aperçoit aussi qu’il n’y a aucune mauvaise chanson et qu’elles sont toutes taillées pour la scène.
Les crescendo de guitare sont époustouflants, les mélodies sont prenantes, les solos tonitruants et les refrains fédérateurs et scandés par un public qui obtient clairement ce qu’il était venu chercher.

On sent bien que le show de Muse est hyper pro, millimétré et que rien n’est laissé au hasard. Les amateurs d’improvisation et de funambulisme musical en seront pour leur frais et devront passer leur chemin.

Coté charisme, Matt Bellamy ne manque pas de présence même si ce n’est pas un frontman charismatique.
Cela n’a guère d’importance puisque le show suppliait à merveille cette carence.

Si l’on se concentre sur la musique, il est clair qu’elle évoque mille groupes (Radiohead, Queen par sa grandiloquence, Led Zep, Jeff Bucklay). Mais tout bien pesé c’est surtout du Muse car force est de constater que le groupe a un vrai style et une personnalité que je ne soupçonnais pas.
Muse mérite son succès.

Le set durera deux heures et clairement on en aurait redemandé.
On a même envie de réécouter les albums et on se laisserait bien tenté par une autre date, même dans un stade.

Cela aurait été un très bon concert s’il n’avait pas eu lieu dans le blokhaus de Pierre Parat et Michel Andrault et si un abruti n’avait pas braillé les refrains dans mes oreilles avec un talent digne des inoubliables de la nouvelle star et dans un anglais yaourt du plus bel effet.
Et clairement le point manquant de la note se situe bien là et nulle part ailleurs.

dimanche 15 novembre 2009

Easy Star all Stars - Elysée Montmartre, 3 novembre 2009

Note : 3/4

C’est avec beaucoup de curiosité et d’appréhension que je me rendais à l’Elysée Montmartre pour le concert des Easy Star all Stars.

En effet ce collectif de rastas azimutés s’est rendu célèbre en adaptant des albums de rock historique dans leur intégralité dans des relectures reggae dub plutôt réussie.

En 2003 leur premier coup d’essai fut un coup de maître avec l’adaptation délirante du Dark side of the moon des Pink Floyd sous le nom de Dub side of the moon.
Acclamé par un public très large ne se limitant pas au traditionnel public reggae puisque l’engouement des fans ultimes du Floyd ne tarit pas de louanges, les Easy star all stars s’offrirent une tournée mondiale.

Fort de ce succès, ils se lancèrent il y a deux trois ans dans l’adaptation de Ok Computer de Radiohead sous le nom de Radiodread.

Leur passage ces jours si à l’Elysée Montmartre était dicté par la tournée promo de leur dernier méfait appelé Easy stars lonely heart club dub en hommage à l’album culte des Beatles.

C’est un Élysée Montmartre deux tiers rempli qui accueillait le groupe de Dub.
Ce n’est pas si mal puisque le groupe phare de la scène reggae actuelle Groundnation se produisait le même soir au Zénith.

Chauffé à bloc par un toaster et une section cuivre tonitruante, le public se fit rapidement hypnotisé par les lignes de basses lourdes et roots des Easy star.

La set list fut un best of de leur albums. Hommages au Floyd, à Radiohead et aux Beatles.
Si l’on excepte des bonnes versions de A day in a life et When I am sixty four, on fait rapidement le constat que les morceaux des Beatles et de Radiohead sont moins percutants que les morceaux de Dark side of the moon.
Les versions de Time, Great gig in the sky, et une reprise de Time sont tout bonnement extraordinaires.

Le public dansait et acclamait ce groupe de dub qui clairement maîtrise son affaire sur une scène et nous gratifie d’un excellent concert bien rythmé et bien dansant.

Si l’on quitte la salle après une heure trente de concert avec une bonne humeur évidente, il est toutefois évident qu’on est plus proche du niveau et de l’intérêt de la ligue 1 que de la ligue des champions.

vendredi 13 novembre 2009

Gong - Le Bataclan Paris, 4 novembre 2009

Note : 4/4

C’est dans les vielles casseroles qu’on fait les meilleurs plats !!!
Tel est le constat que l’on peut dresser à la sortie du concert de Gong au Bataclan en 2009.

Gong est un groupe culte bien qu’assez méconnu du grand public qui existe depuis près de 40 ans mais qui draine un public fidèle sans cesse renouvelé.

Formé en France à la fin des années 60 par Deavid Allen, un australien un peu perché qui était aussi le fondateur de Soft Machine avec Robert Wyatt et Kevin Ayers, Gong est d’avantage un collectif qu’un groupe.
Fondé en plein flower power, gong était à la base un groupe dont les membres vivaient dans une communauté hippie dans le Sud de la France.
Bien entendu cette communauté était à géométrie variable et empilait les talents les plus divers et improbables pendant des lapses de temps plus ou moins long.

Tout au long de son histoire Gong a vu passer des dizaines de musiciens virtuoses que l’on a retrouvés par la suite dans de multiples formations (Hadouck Trio, Hawkwind, Miles Davis, et bien d’autres).
Le batteur Pierre Moerlen, les guitaristes Steve Hillage et Deavid Allen, le Saxophoniste Didier Malherbe, le claviériste Tim Blacke, le percussionniste Mino Cinelu et l’inclassable Gilly Smyth sont les plus connus d’entre eux.

La musique de Gong est au carrefour de plusieurs styles et est assez inclassable et pas forcement simple d’accès hors de la scène.
Elle peut être qualifiée de psychédélique, de jazz rock, d’acid jazz, de space rock, de musique planante, de free jazz ou de rock progressif.
Au final c’est un peu un mélange de tout cela.
Elle a beaucoup variée selon les époques et les influences des musiciens passés dans ses rangs et des différentes émanations du groupe. A certaines époques plusieurs Gong se produisaient en même temps. Le Pierre Moerlen’s Gong qui était plus free jazz, le Planet gong plus space rock avec Daevid Allen ou le Acid mother gong de Gilly Smyth.
Cependant, ces émanations se regroupaient de temps à autres pour des concerts commun ou des conventions regroupant les groupes des anciens membres de Gong.

Las albums marquants sont Angel Egges, Flying Teapot, You, Gazeuse, le Live etc.

Sur scène, Gong a la réputation de toujours livrer des concerts mémorables ou s’entremêlent les envolées musicales, les phases planantes, les transes hypnotiques, les breaks les plus improbables et des solos et des improvisations totalement virtuoses.

Ne les ayant jamais vus auparavant, c’est avec beaucoup de curiosité que j’attendais de concert, mais aussi beaucoup d’appréhension car certains musiciens pouvaient avoir dépassé la date de péremption (Gilly Smyth a 76 ans et Daevid Allen 72 ans) et que je ne savais pas du tout quoi attendre de leur son en 2009 et du répertoire abordé lors de cette tournée.

C’est avec les éléments historiques (Allen, Malherbe, Hillage et Smyth) que Gong faisait son retour en France.

Très vite beaucoup de mes appréhensions sont tombées.

Oui certains membres du groupe sont vieux, mais ils restent en pleine possession de leurs moyens !
Gilly Smyth a bien cette voix mi sorcière mi sirène si caractéristique. Daevid Allen avec sa tête de Merlin l’enchanteur ou du Doc Emmet Brown de Retour vers le futur montre l’enthousiasme d’un petit garçon espiègle tout en déployant un charisme et une énergie naturelle que beaucoup doivent lui envier. Je ne parle pas de la qualité de son jeu de guitare et de la manière hyper maitrisée dont il utilise sa voix qui semblent s’être bonifiée avec les années.

Le répertoire abordé se concentre sur les albums historique (Flying teapot, You et Angel eggs notamment).

La musique de Gong est une musique qui vous prend par surprise. Elle vous prend par la main et vous emmène dans toute une série de climats différents comme si l’on suivait paisiblement le cours d’un ruisseau de sa source jusqu’à sa jetée dans la mer.

La noirceur et le pessimisme sont totalement absents de cette musique qui trouve un équilibre improbable tour à tour fascinant et hypnotique entre le psyché planant, le free jazz et une base rock totalement assumée superposée par des sons électroniques bien sentis.

Gong, par sa simplicité et son coté positif et festif communicatif se situe très loin de l’univers un peu dark de King Krimson, de l’atroce lourdeur de Yes ou du coté intello conceptuel de Soft Machine.

Les musiciens semblent heureux d’être là et gratifient un public tout acquis à leur cause de solos sidérants qui l’emporte dans les tréfonds de son imagination.au cœur du monde de Gong (un monde peuplé de farfadets, de théières volantes, de sorcières et de magiciens).
La musique de Gong est un espace de liberté ou les musiciens au-delà des solos trouvent une alchimie unique dans les confins de leur créativité.


Par leurs enthousiasme, leurs désinvolture et l’impression de facilité absolue qu’ils dégagent, on oublierait presque que la musique de Gong est complexe et qu’elle ne peut être jouée que par des musiciens plus qu’accomplis qui maitrise la scène à la perfection.

On n’entend pas ce type de musique tous les jours, il faut la vivre sur scène pour en saisir toute sa portée et tout son intérêt.
Une écoute attentive, même confortablement installé chez soi, peut s’avérer déconcertante mais sur scène c’est une autre histoire.
Elle est magnifié par la puissance du son, par les improvisations des musiciens, par l’attitude halluciné et franchement drôle de ce vieux savant fou de David Allen et de ses déguisements extravagants tout comme les vidéos trippantes projetées qui sont elles aussi une invitation au voyage.

Clairement ce concert fut un grand moment de musique télé porteuse. Le seul regret que l’on puisse avoir en quittant la salle est qu’il n’est malheureusement pas évident que l’on puisse avoir la chance de revoir ce groupe sur scène, et que ce type de musique n’est aujourd’hui plus beaucoup jouée.

C’était en somme le concert d’une espèce en voie de disparition qu’il faudrait protéger, préserver et faire connaître.

jeudi 12 novembre 2009

Il était une fois la révolution

Note : 3/4

Octobre 2009, la programmation cinématographique est en passe d’atteindre le degré zéro.
On se laisserait presque tenter par le dernier Franck Dubosq, c’est dire si ce que les exploitants de salle nous proposent est d’une nullité abyssale.
Tel un oasis au milieu du désert, le Max Linder nous propose sur écran géant la copie neuve en version originale de Il était une fois la révolution de l’immense Sergio Léone.

Voir un Sergio Léone sur grand écran est une occasion malheureusement aussi rare qu’un concert d’Ennio Morricone. C’est dire si cela ne se rate pas.

En toute objectivité Sergio Léone est à mes yeux un génie absolu. Il est l’un des réalisateurs les plus imaginatifs, fascinants que la terre ait jamais porté.
Il a clairement révolutionné le cinéma par son approche visuelle, son utilisation du flash back, son culte de l’anti héros, le tempo hyper lent de sa narration, l’absence d’information sur ces personnages et par son utilisation magnifiée de la musique.

On ne peut bien entendu pas parler de Léone sans parler du Maestro Ennio Morricone.
Camarades d’écoles, les deux hommes ont réinventé le rôle de la musique dans le cinéma moderne. En revenant à la source ils ont placé la musique comme un personnage à part entière du film. Dans l’œuvre de Léone, la musique de Morricone raconte tout ce qui ne se dit pas à travers les dialogues (et Dieu sait qu’il ne se dit pas grand-chose).
Grâce au génie du Maestro, certaines scènes prennent une dimension fantastique tant la musique traduit, enlumine et magnifie toute la palette des émotions que l’on peut trouver dans les images de Leone.
Une telle osmose entre les images et la musique n’a probablement jamais été retrouvée même dans les films de Stanley Kubrick et de Quentin Tarantino.


Sergio Leone a clairement réinventé le western en lui apportant une dimension onirique inégalée sans rien trahir de son identité et de sa sensibilité européenne et de sa culture italienne.
En six ou sept films, il a laissé une empreinte indélébile sur des millions de fans de cinéma.
Grace à lui Clint Eastwood et Ennio Morricone sont devenus les géants que l’on connait.
La notoriété de certains acteurs comme James Coburn, Lee van Cleef, Charles Bronson, Gian Maria Volonte, Rod Steiger ou Eli Wallach n’existe presque uniquement grâce au traitement que leur a réservé Sergio Leone dans ses films.
En révolutionnant tous les codes du western, il a pu donner à Henri Fonda son dernier et peut être plus grand rôle dans un contre emploi absolu et signer des westerns complètement définitifs.
Après lui, peu de gens se sont essayé au western, l’héritage était trop lourd.
Les quelques rares bons western sortis dans les trente à quarante ans qui ont suivis ne rivalisent en rien avec ceux du maître.
Vénéré à juste titre par les plus grands réalisateurs actuels (de Tarantino à Scorcese en passant par Spielberg, Eastwood ou Coppola), Sergio Léone est avant tout un auteur totalement singulier.
Loin de tout formatage, de toute querelle de chapelle, il a imposé sa vision et son style à travers une représentation plus que personnelle de la construction du continent américain des débuts de l’ouest sauvage (Pour une poignée de dollars) jusqu’au dernier tiers du 20ème siècle (Il était une fois en Amérique).

Le cinéma de Léone est un cinéma d’homme. Les femmes y sont presque absentes à l’exception de Claudia Cardinale dans Il était une fois dans l’Ouest. Cependant celles-ci sont souvent une clé dans le comportement des personnages (La sœur du Colonel Mortimer, l’Irlandaise d’Il était une fois la révolution…).

Les personnages de Léone ne sont guidés que par deux motivations : L’or et la vengeance
C’est à travers ces deux quêtes et le vice et l’opportunisme qu’elles engendrent qu’ils prennent part malgré eux à la construction de l’Amérique
Malgré ce regard cruel et violent, les personnages restent cependant des hommes parfois capables d’une humanité insoupçonnée (la scène du cavalier mourant dans Le bon la brute et le truand) dans les situations les plus inattendues.

Le grand écran est indispensable au cinéma de Léone. Les paysages, les gros plans, les lumières, l’étalonnage le technicolor et, il faut le souligner, le grain de la pellicule donne une chaleur et une personnalité photographique que n’aura jamais un film filmé en numérique.

C’est tout cela qui rend le cinéma de Sergio Léone magique et indispensable.

Il était une fois la révolution est probablement le moins bon des Léone !!!
Mais sur grand écran c’est quand même une grande claque.
Mexique, 1913, Juan un pilleur de banques péones rencontre au beau milieu de la sierra Sean, un expert en dynamite Irlandais.
Malgré un antagonisme absolu ils s’associent avec des ambitions diverses dans le pillage d’une banque.
Ce braquage de banque sera le point de départ de leur enrôlement malgré eux dans la révolution mexicaine et dans une véritable odyssée.
Cet odyssée commence comme un récit picaresque, qui par bien des aspects n’est pas sans rappeler les aventures de Don Quichotte. Mais il se mue par la suite sur une vraie réflexion sur la violence inhérente à la construction d’un pays et aux mécanismes du pouvoir.

Cela donne à Léone l’occasion de travailler ses thèmes de prédilections : La vengeance, l’appât de l’or, l’opportunisme et le fait que l’histoire avec un grand H est souvent le résultat d’une sommes de petites histoires bien moins reluisantes.

La photographie est splendide. Elle atteint son sommet lorsque Léone oppose lors de flashback éblouissants le vert de l’Irlande à la poussière de la Sierra.
Les gros plans et le tempo narratif rappelle à tout le monde que c’est bien un film de Sergio Leone et de personne d’autre.

Ennio Morricone signe l’une de ses plus belles partitions, on peut en avoir les larmes aux yeux.

James Coburn et Rod Steiger livrent les meilleures performances de leur carrière à travers des personnages typiquement léonien.

Le bruit des balles et des explosions est inimitables, les scènes de batailles sont exceptionnelles.

Malgré tout cela, le film souffre de quelques faiblesses. C’est le seul film de Léone ou la longueur de certaines scènes dépasse parfois la limite de l’ennui.
De plus certaines ellipses scénaristiques compliquent la compréhension du film à des moments clés.
Les scènes clés du film sont peut être moins percutantes que les scènes clés des autres Léones
Tout cela fait qu’Il était une fois la révolution souffre de la comparaison avec les autres films de Léone.

Il était une fois la révolution forme avec Mon nom est personne la catégorie des Léones désavoués.
Peut être cela est-il du au fait que Léone ne voulait initialement pas réaliser ces films ?
Il a cependant signé celui-ci alors qu’il ne l’a pas fait avec Mon nom est personne.
Mais si un Léone désavoué n’est pas un chef d’œuvre, il reste cependant un grand film de cinéma.

Quel pied de voir çà sur grand écran !!!!!
Le 3 sur 4 est un très gros trois mais mon niveau d’exigence s’accentue lorsqu’il s’agit d’un Léone…

mercredi 11 novembre 2009

Turzi - Elysée Montmartre Paris, 29 octobre 2009

Note : 2/4

Quelques jours après la sortie de son nouvel album B, Turzi se produisit à l’Elysée Montmartre afin de fêter dignement cette parution.
Comme nous le pressentions lors des concerts auxquels nous avions assisté avant l’été, B tient ses promesses et s’impose résolument comme l’un des meilleurs albums de Rock enregistré par un ressortissant français.
Bizarrement comme Air, Phoenix ou Étienne de Crecy, Turzi vient lui aussi de Versailles même si sa musique ne s’apparente pas vraiment à la French Touch. A mes yeux elle vaut bien mieux.
Bien sur nous ne sommes pas chez U2 ou Coldplay. Le rock de Romain Turzi ne s’adresse pas au tout venant. Le Rock de Turzi demande à la base une exigence d’écoute supérieure. On est à la limite de l’avant-garde. Les groupes les plus connus auxquels il pourrait s’apparenter sont sans nul doute des groupes comme Sonic Youth, My bloody valentine ou Can.
Si son audience est encore balbutiante et underground, il est néanmoins invité dans une multitude de festivals en Angleterre, USA, Japon ou il a fait sensation. Ce n’est donc pas par Hasard si des gens comme Bobby Gillepsie, l’âme de Primal Scream et la déroutante Brigitte Fontaine ont apporté leur contribution à cet album.

Le concert de L’Elysée Montmartre était donc une occasion pour fêter en grande pompe la sortie de cet album attendu par pas mal de monde et dont les échos dans la presse étaient plus qu’alléchant.
Pour l’occasion, de nombreux groupes amis se produisaient en première partie pour des fortunes diverses. On notera la bonne prestation d’Etienne Jaumet (Zombie Zombie, Married Monks) en set DJ avant de laisser place au maitre de cérémonie.

Le public était au rdv et assez curieux de ce qui allait lui être proposé.
C’est donc vers 22 Heures que Turzi fit son apparition et démarra son concert par le terrifiant morceau d’ouverture du nouvel album.
Pour donner toute sa force, sa rage et sa subtilité, la musique de Turzi doit être bien jouée et avoir un son extrêmement bien réglée pour que toute la subtilité de ses sons puisse être transmise.
Malheureusement, le son n’était pas au rdv et cela avait l’air d’énerver beaucoup les musiciens qui ne semblaient pas avoir de retour de leurs instruments. Du coté du public, si la puissance du groupe était bien perceptible, on entendait malheureusement presque pas la guitare o combien importante de Romain Turzi. C’est en effet elle qui vous emporte et vous fait décoller et qui donne ce petit plus que beaucoup de groupes n’auront jamais.
Or cet élément primordial était masqué par une basse et une batterie trop présente et oppressante. L’équilibre et l’ampleur de la musique de Turzi n’a été retranscrit ce soir que par intermittence.
C’est donc la grosse déception de cette soirée alors que le son avait toujours été parfait lors des autres concerts que j’ai eu la chance de voir.

Visuellement, Turzi aurait mérité un meilleur traitement. S’il est acquis que l’on n’a pas à faire à un groupe de showman mais à un vrai groupe de musicien, il faut que le groupe travaille un peu plus sa théâtralité.
Loin de moi l’idée de donner des cours de danse comme à la star académie, mais il me semble qu’un light show ou des visuels projetés plus marquants au milieu de fumigène pourrait rendre la musique plus impressionnante.

Sur le son comme pour les lumières, je pense que Turzi a souffert des infrastructures de l’Élysée Montmartre.
En effet les ingénieurs du son et roadie étaient vraisemblablement ceux de Garance Production. Or ceux-ci ont du être déconcertés par le matériel digne de Star Wars que Turzi utilise pour ses concerts et qui est très très loin de celui d’un groupe de reggae de base.
Coté lumière, les infrastructures du Nouveau Casino et du Point Éphémère offre une ambiance plus sombre ou l’influences des light est bien plus perceptibles.

Ce concert aura donc été une demie déception sans que celle-ci viennent de la musique et des musiciens.
La musique de Turzi est, je le répète, l’une des plus hallucinante jamais enregistrée par un groupe de Rock en France Sa portée sur scène est elle aussi indubitable et impressionnante mais il faut pour cela un son top niveau.

On attend donc malgré tout son prochain concert avec beaucoup d’impatience.

lundi 9 novembre 2009

Placebo - Zénith Paris, 25 octobre 2009

Note : 2/4

Le Zénith affichait complet pour le deuxième des trois concerts parisien de Placebo.

En 15 ans de carrière Placebo s’est imposé comme un étendard du rock dit indépendant à l’orée des années 2000, période ou le Rock ne semblait n’être plus qu’un souvenir délaissé à la faveur d’une mouvance électro-techno plus que discutable dont la postérité reste à ce jour une illusion.

A cette triste époque Placebo s’était affirmé comme un power trio énergique fortement influencé par Joy Division, Cure, le glam rock et David Bowie période trilogie berlinoise.
Outre ces influences, Placebo possédait en la personne de Brian Molko, un chanteur avec une voix vraiment personnelle et véhiculait une attitude sulfureuse basée dur les codes sexe, drogues et rock and roll qui ne laissait pas indifférent.
Mais surtout, Placebo avait la recette pour pondre des tubes à répétition suffisamment fédérateurs pour attirer en même temps l’attention du fan de rock le plus exigeant que les programmateurs des grandes radios FM et donc de s’imposer comme dans nos contrée comme un groupe grand public.
Des titres comme Pure morning, Every you and every me, Slave to the wage ou The bitter end sont effectivement des titres imparables.

Placebo tourne pour soutenir son nouvel album Battle of the sun sorti peu avant l’été et qui est marqué par un changement de personnel puisque le batteur Steve Hewitt a cédé sa place à un jeune bucheron tatoué américain du nom de Steve Forrest.

Il faut souligner que placebo passe trois soirs au Zénith plutôt qu’un soir à Bercy, ce qui est plus qu’appréciable puisque cela nous donne l’occasion de les voir dans une vraie salle de concert à dimension presque humaine et ne souffrant pas de l’acoustique effroyable du blockhaus du 12ème arrondissement.

Revenons au concert :
Mauvaise nouvelle !!!
Impossible de se garer car le parking du Zénith est en réparation, nous arrivons donc en retard et le concert est déjà commencé et ce n’est jamais évident de rentrer à froid dans l’ambiance d’un concert déjà lancé.

Première impression :
Placebo en 2009, c’est de la grosse artillerie. Le son est puissant et excellent. Ils n’ont pas lésiné sur les moyens et le light show est très impressionnant.
On est désormais très loin du power trio des premières années puisqu’ils sont sept sur scène.
A chaque chanson les musiciens changent d’instruments et démontre une collection de guitare impressionnante.
La set list est un savant mélange de nouveaux et d’anciens titres joué de manière hyper professionnelle et carrée.
On est clairement pas là pour plaisanter. Placebo donne au public ce qu’il est venu chercher : Du son et des tubes !!!!
Sur scène le nouveau batteur démontre une puissance de feu digne de l’étoile Noire face à la planète Alderande, ce qui est assez impressionnant.

Brian Molko chante bien et maitrise bien la scène même si il est loin d’avoir le charisme d’un Bowie, d’un Nick Cave et d’un Iggy Pop. Il vaut toutefois mieux qu’il reste silencieux entre les morceaux car ses sorties sont presque dignes d’un Nikola Sirkis ou d’un Jean louis Aubert au meilleur de leur forme.

Son acolyte, le bassiste Stefan Ofsdal promène sa grande carcasse qui est une sorte de croisement entre un Frankenstein anorexique maniérée et du personnage de The Gimp dans Pulp Fiction (l’étrange esclave SM enfermé dans un coffre). Au-delà de son apparence, force est de constater que le musicien maitrise son sujet et qu’il est la base de l’architecture musicale du groupe.

Au-delà de cette première impression remplie de puissance et de professionnalisme, d’autres constats s’imposent à nous.

Même si le public a l’air d’être content, le groupe est glacial, il semble qu’il manque d’âme. Sa prestation aussi professionnelle soit elle ne transmet aucune chaleur et aucune émotion.
On a l’impression d’être devant un concert millimétré ou chaque note ou attitude est tellement travaillée qu’elle ne laisse aucune place à l’improvisation.

Bien sur certains me diront que Placebo est un groupe un peu dark-flirtant avec le courant gothique. Je vous l’accorde aisément, cependant placebo ne véhicule pas ce magnétisme ou cet esthétisme froid et fascinant que l’on peut retrouver chez Bahaus, Joy Division, The Cure ou Nick Cave.

Mais le plus marquant, c’est que placebo, derrière son attitude et son gros son est en fait un groupe pour nanas.
En effet derrière les guitares, les refrains et les couplets sont finalement assez bubble gum. L’attitude androgyne de Brian Molko semble beaucoup leur plaire.
La preuve c’est que la gente féminine est d’ailleurs particulièrement présente dans le public et qu’on y retrouve pas mal de groupies ado hurlant comme si elles avaient croisé Patrick Bruel ou Tom Cruise il y a 20 ans ou Tokyo Hotel il y a deux ans.
Il se peut qu’il y ait une filiation entre Tokyo Hotel, Indochine, et Placebo pour le public.
Ces groupes s’écoutent à 15, 18 et 20 ans.

Plus le concert avance plus on s’aperçoit que Placebo n’a rien inventé.
Musicalement, même si c’est très bien joué, il n’y a aucune personnalité. Tout est pompé à droite et à gauche, édulcoré et formaté pour coller à l’image qu’ils tentent de donner. Placebo est donc le parfait exemple du groupe mainstream qui touche le grand public mais qui ne marquera pas l’histoire.
Il y en a d’autre dans cette catégorie et selon les époques : Coldplay, The Troggs, Pat Boone…

On est donc finalement pas à un concert de Rock mais à un showroom présentant un produit formaté à un public ciblé et sélectionné pour sa capacité à l’aimer et le consommer.

Autrefois, Placebo avait probablement une âme et de la spontanéité, mais c’est aujourd’hui un vampire coaché par des marketeurs et des conseillers en communication.
Il y a fort à parier que leurs albums ne cesseront jamais de se répéter et de devenir de moins en moins intéressants.