dimanche 31 janvier 2010

Ou sont passés les Morgan

Note : 1/4

On a tous des faiblesses pour certains acteurs, réalisateurs, chanteur, films…
Parfois ces faiblesses sont totalement inexplicables et sont parfois même totalement coupables.
De manière inexpliquée, certains personnages bénéficient d’une impunité totale.
Une impunité qui perdure contre vents et marées et qui finit par devenir totalement irrationnelle.
Si la liste n’est pas démesurée, elle est tout de même assez longue.
Christophe Lambert est un de ceux-là.
Longtemps je lui ai tout pardonné. Fasciné par son début de carrière tonitruant (Tarzan, Highlander, Le sicilien, Subway), son succès des deux cotés de l’atlantique et son capital sympathie légendaire, je suis resté un fan assidu. Je lui ai souvent trouvé des excuses dans des films inexcusables (Fortress, Deux doigts sur la gâchette, Why me, Résurrection).
Je suis l’un des principaux ambassadeurs de certains de ses films que je considère limite comme des trésors cachés (Max et Jérémie, La proie, Le sicilien). J’ai même trouvé la patience de voir certains de ses films directement sortis en vidéo (Adrénaline, Roadflower, Gideon, Gun men).
Seuls Vercingétorix et Beowulf sont venus à bout de cet entêtement.
Sa liaison avec Sophie Marceau est une sorte de revanche à mes yeux car elle montre à qui en doutait que notre Lambert national n’est pas dépourvu de ressources.

Depuis son cultissime Zoolander, Ben Stiller est de ceux là aussi. Sa bouille me fait rire.
Je suis fan même du plus mauvais de ses films. Je vais voir Les nuits aux musées. Je kiffe ses comédies romantiques, Polly et moi et sa fameuse scène de retour de restaurant indien inclus.

Plus jeune, je me passionnais sincèrement pour les aventures du Colonel Bradock et de la Delta Force de Chuck Norris. Du coup j’aime Chuck Norris presque autant que Christophe Lambert. Seules ses prouesses de vendeur de matériel de culturisme sur le télé-achat et le Walker Texas rangers ont eu raison de ma dévotion.
Mais je prends encore mon pied devant Invasion USA, même si je l’apprécie différemment.

D’autres comme Sean Connery ou Harrison Ford sont pour moi pardonnés de tout même de Haute voltige et de Fire wall.
Hugh Grant a une place de choix au milieu de cette distribution prestigieuse.
Bien que totalement hétéro sexuel, je suis comme beaucoup sous le charme de Hugh Grant.
Ce mec me plait avec son allure british, ses costumes de chez Hackett, sa fausse timidité, sa maladresse légendaire et son humour auto flagellatoire plein de second degré.
Souvent je me dis que ce doit être quand même plus facile avec les filles quand on est Hugh Grant. Je verrai d’ailleurs d’un assez bon œil le fait de me réincarner en Hugh Grant si j’étais bouddhiste.

Je ne rate aucun de ses films, pire j’y trouve presque mon compte à chaque fois.
Je jubile devant 4 mariages et un enterrement, Coup de foudre à Notting Hill, Love actually ou Pour un garçon qui sont à mes yeux ses meilleurs films.
Je trouve plein de circonstances atténuantes au Come back, American dreamz ou L’amour sans préavis. Je supporte Bridgett Jones et Raisons et sentiments. Je suis l’un des seuls spectateurs au monde à avoir trouvé son seul et unique film d’action Mesure d’urgences pas si mauvais que ça.
Je suis toujours content de le voir dans des films de jeunesse ou on ne l’attend pas forcement comme Maurice, Lune de Fiel, Les vestiges du jour ou L’anglais qui gravit une colline.
Bref je ne suis pas objectif devant un film de Hugh Grant, mais je l’assume.

Fainéant assumé, Hugh Grant ne se foule plus depuis longtemps et vit allègrement sur son capital sympathie et ses irréductibles fans.
Malgré ses 50 ans et le fait qu’il n’est plus un jeune premier son coté séducteur est intact et pourrait sans peine déclencher des émeutes beatlessienne dans une boite de nuit le soir des résultats du baccalauréat.

De moins en moins présent au cinéma, Hugh Grant ne sort de sa tanière que pour relever les compteurs.

C’est avec Ou sont passés les Morgan qu’il vient ces jours ci recharger son compte en banque avec beaucoup de désinvolture et un sourire charmeur.

La guest star est incarnée par l’ignoble Sarah Jessica Parker qui pousse son rôle d’intégriste New Yorkaise encore plus loin que dans Sex in the City. Elle forme un couple au bord du divorce avec un avocat anglais qui met toute son énergie à recoller les morceaux.

A la suite d’un meurtre, le couple se retrouve pourchassé par un tueur à gage et doit se réfugier en plein cœur du Wyoming.

On assiste alors à un pale remake de Bienvenue chez les Chtis qui voit ces new yorkais végétariens addicts à leur Iphone et à leur psy plongés au beau milieu des rodéos qu’organisent des cowboys faisant des barbecues sur de la musique country au milieu du mid-west.

Clairement le film est débile et n’a absolument aucun intérêt à part celui de voir les deux têtes d’affiches cabotiner à l’extrême dans leur registre favori.

On est donc dans le service minimum pour Hugh Grant dans ce film réalisé par son pote Mark Lawrence qui avait déjà mis en scène le Come Back.

Les mimiques et les blagues décalées de Hugh Grant arriveront à donner un semblant d’intérêt à ce nanard. Encore faut-il comme moi les apprécier.
1 sur 4 quand même car je ne suis pas objectif.

samedi 30 janvier 2010

Mr Nobody

Note : 3/4

Un Ovni est un film comme on n’en voit pas ou peu que ce soit dans sa forme, ou dans son propos. Il peut être compris ou incompris, aimé ou détesté mais ne laissera personne indifférent.
C’est un film qui peut être novateur, surprenant, dérangeant, déconcertant, irrévérencieux et politiquement incorrect.
Bref c’est un film qui transgresse les codes qu’ils soient narratifs, visuels, émotionnels pour proposer un autre regard au spectateur.

Les grandes évolutions qu’a connu le cinéma viennent souvent de réalisateurs novateurs qui ont lancé des pavés dans la marre pour troubler le spectateur et pour entrainer le cinéma plus loin qu’il ne l’était.

Des films comme les premiers Godard étaient des ovnis puisqu’ils tranchaient totalement avec l’académisme en vigueur dans le cinéma Français de l’époque.

Citizen Kain était un ovni puisque son mode narratif était inédit pour l’époque. C’est en effet le premier film marquant à utiliser le flash back et la voix off.

Que dire de l’œuvre de David Lynch ou de Jodorowski dont on ne sait pas ou peu ce qui relève du fantasme ou de la réalité.

Le propos irrévérencieux au-delà du politiquement incorrect de certains films en font des ovnis : C’est arrivé près de chez vous, Attention les enfants regardent.

Léone en réinventant les codes du western était un concepteur d’ovnis comme on n’en avait pas vu avant. Son style visuel et narratif était nouveau et archi dérangeant pour beaucoup.

Kubrick par son éclectisme et la diversité de ces choix et le traitement narratif ou visuel de ces films est un auteur d’ovnis qui riment avec chef d’œuvres.

Mr Nobody est un Ovni. Il mêle beaucoup de composante d’UFOlogie à la fois et nous emmène aussi dans une forme d’inconnu.

Jako Van Dormael, réalisateur belge, auteur de deux films assez marquants et primés un peu partout (Le huitième jour et Toto le héros) fait son retour avec Mr Nobody après 10 ans de silence.

Lorsqu’on demande au plus vieil homme du monde dans un futur assez lointain quel est le moment marquant de son existence, celui-ci se souvient d’avoir eu un choix cornélien à faire. A neuf ans il a du choisir entre partir vivre avec son père ou sa mère.
Les différentes réponses à ce choix allaient lui proposer des conséquences et des itinéraires de vie différents.
Ce sont ces différents itinéraires que Jako Van Dormael nous raconte en ne sachant plus quel est celui qu’a réellement emprunté son personnage principal ou ceux qu’il a fantasmé.

Mr Nobody devra néanmoins s’en approprier un pour donner un sens à sa vie et mourir en paix.

Si le thème du choix et de ses conséquences a souvent été évoqué au cinéma - on pense assez facilement à Smoking / No Smoking d’Alain Resnais - l’angle prit par Van Doermal est totalement inédit.

Jako Van Dormael a mis sept ans pour écrire son film.
On comprend aisément pourquoi son scénario est si dense.

Plutôt que de traiter tous les itinéraires de Mr Nobody d’un point de vue linéaire et parallèle, le réalisateur fait le choix de les imbriquer les uns dans les autres afin que le spectateur ne sache pas quel est le vrai et qu’il s’identifie à la confusion du personnage principal qui ne sait plus quel est son véritable passé.

A travers ces itinéraires, Jako Van Dormael consacre des très grandes parties du film à une foison de sentiments qui font la nature humaine : actes manqués, la nostalgie, l’amour, la volonté, la dépression, l’arrivisme, la frustration, l’honnêteté, le rêve…

Tous cela propose un scénario très complexe dans lequel on perd un peu son latin par moment tant cela part dans tous les sens. C’est d’ailleurs la grosse faiblesse du film.

En revanche Mr Nobody est totalement extraordinaire à d’autres niveaux.
D’un point de vue visuel, le film comprend plus de créativité que dans 99% des films sortis en 2009 réunis.
Les décors, prise de vues sont délirants.
Même si l’on retrouve certaine influences comme le cinéma de Jeunet, le Kubrick de 2001, le Lucas de THX 1138, et de nombreuses références au cinéma français, c’est un style totalement propre que nous propose Van Doarmel. Un style qui atteint une virtuosité incroyable par moment.

Cet aspect visuel est renforcé par un montage complètement maitrisé qui promène le spectateur sur une période de 125 ans dans des pays différent, des vies différentes en entretenant ce sentiment de confusion global que le spectateur doit ressentir pour se sentir proche du personnage principal.

Jared Leto est époustouflant dans les facettes multiples de son personnage qui n’en est pas un mais plusieurs à la fois.
Les 3 actrices principales sont toutes assez fascinantes dans leur style avec une mention spéciale pour une Diane Krugger en brune dont l’éclat transfigure l’écran.

Mr Nobody est un film de réalisateur. Tout amateur d’images et de réalisation y trouvera son compte et risquera d’étudier ce film pendant de nombreuses années tant il fourmille d’idées novatrices et de scènes jamais vues.
En revanche sa complexité lui fera perdre pas mal de spectateurs. Il n’y a pas de twist off, de linéarité. Son montage et son fil narratif déconcertant sont trop indigeste pour le grand public.

Cela n’empêche pas le film d’être une véritable prouesse et moment de cinéma comme on en voit peu.

Jako Van Doermal est un auteur à part entière. Son film est un film d’auteur avec tout ce que cela comporte mais un très beau et bon film d’auteur.
On est à des années lumières du box office et des projections tests pour ado mais peut être pas si loin que cela de l’éternité.

vendredi 29 janvier 2010

Invictus

Note : 2/4

Invictus est le troisième film de Clint Eastwood en 1 an après L’échange et Gran Torino. A bientôt 80 ans la star est clairement à l’heure actuelle le cinéaste majeur le plus prolifique de son temps.

Invictus jette un coup de projecteur sur la manière dont Nelson Mandela s’est servi de la coupe du monde de rugby et des springboks pour créer une cohésion nationale en Afrique du Sud au lendemain de son élection et de la fin de l’apartheid.

Cette page d’histoire importante raconté dans le film met en valeur le coté visionnaire, et la personnalité fascinante de l’ancien leader de L’ANC.

Morgan Freeman livre une très bonne interprétation et habite le personnage en faisant ressortir une intelligence de tous les instants, et la bonté absolu qui a tout sacrifié pour l’amour de son pays et de ses concitoyens.

On ne peut pas en dire autant de Matt Damon qui incarne François Pienar le capitaine charismatique des Springboks durant la coupe du monde 1995.
Sa prestation est d’une transparence absolue. Le leader charismatique qu’il doit être donne une image d’un homme effacé sans envergure et particulièrement timide.
C’est probablement du au fait que le rugby est un sport totalement inconnu aux États Unis, et que Matt Damon est du coup totalement étranger à l’engagement, aux valeurs et à la mentalité qu’il faut pour s’imposer dans ce sport.
Les réunions de l’équipe sont à peine plus consistantes et enflammée que celle d’une patrouille de louveteaux

Tout le traitement du rugby est un peu édulcoré car même les matchs dont il est question dans le film ne ressemblent en rien au combat que représente un match de coupe du monde de rugby.

C’est un peu embêtant, car du coup le film parait assez polissé malgré une réalisation solide et académique dont Eastwood est coutumier.

Clairement, même si le film est loin d’être mauvais et que son attrait historique est indéniable, il vaut mieux voir un documentaire sur le sujet ou les matchs d’époque qui témoigneront d’avantage de l’intensité de cette page d’histoire.

Il est clair qu’aucun film traitant de sport de haut niveau en dehors de la boxe ne réussit à être complètement crédible au cinéma.

Les tentatives sur le foot avec Goal ou A nous la victoire ont été un peu light.
Le tennis est absent du cinéma.
Les films sur le baseball comme Le meilleur ou Les indians relève de la BD pour jeunes.
Seul L’enfer du dimanche d’Oliver Stone sur le foot américain semble tirer son épingle du jeu même s’il est très fatiguant à regarder car entièrement filmé en camera à l’épaule.

Cette tentative d’Eastwood sur le rugby ne sera pas plus concluante.

jeudi 28 janvier 2010

Une petite zone de turbulences

Note : 3/4

En France Michel Blanc est un personnage incontournable du paysage du cinéma.

Pour beaucoup, il est et restera l’un des membres de la troupe du Splendide et le Jean Claude Duss des Bronzés.

Si l’on occulte le terrifiant troisième opus des bronzés ce temps est révolu depuis plus de 25 ans.

Durant ces 25 dernières années Michel Blanc nous a montré qu’il valait mieux que cette image quelque peu réductrice.

A travers des rôles complexes comme Monsieur Hire, des prises de risques comme Tenues de soirées, des comédies aigres douces comme Je vous trouve très beau, il a montré qu’il était un comédien assez exceptionnel.
Son talent ne s’arrête pas là puisqu’il a mis en scène des films assez intéressants comme Une mauvaise passe ou Embrassez qui vous voudrez dans lequel l’humour acerbe de ses dialogues aiguisés prouve qu’il est l’un des meilleurs spécialistes du genre dans le cinéma français.

A mieux y regarder, ses dialogues incisifs, leur humour noir et leur originalité nous prouvent que Michel Blanc était beaucoup plus important qu’on ne le pense dans le succès du Splendide. Les films pathétiques de Jugnot, Clavier ou Balasko en solo sont la preuve criante qu’ils se retrouvent bien dépourvus quand les dialogues et l’esprit du petit chauve hypocondriaque leur fait défaut.

Avec Une petite zone de turbulences, Michel Blanc fait son retour sur le grand écran.
Même s’il n’en est pas le réalisateur, ce film est bien son projet puisque c’est lui qui a écrit l’adaptation du roman anglais duquel il est tiré. C’est encore lui qui en a écrit le scénario et les dialogues. Et c’est lui qui s’en est octroyé le rôle principal.

Une petite zone de turbulence est un vaudeville qui aurait su s’échapper des grands boulevards et de leurs théâtres grotesques pour trouver un équilibre instable entre l’humour anglais et le regard meurtrier de Michel Blanc.

La dépression que traverse Jean Paul, hypocondriaque torturé au moment ou il s’aperçoit que sa femme le trompe, que son fils est homosexuel et que sa fille va se marier avec un con est le prétexte à un festival de dialogues corrosifs écrits au vitriol.
Les amateurs d’humour noir, de second degré ne pourront qu’apprécier, rire et applaudir ce tour de force.

Si Blanc est omniprésent à travers son personnage fétiche d’hypocondriaque dépressif, il est extrêmement bien accompagné par ses partenaires.

Melanie Doutey rend détestable son personnage d’enfants gâtés colérique. Miou Miou joue avec énormément de finesse son personnage de femme modèle pas si modèle que cela.
Gilles Lelouche joue avec beaucoup de finesse son personnage d’agents de sécurité sensible.

Tous les autres personnages, même les plus insignifiants, sont le fruit du regard acerbe de Michel Blanc et retranscrivent tous un petit défaut ou caricaturent une attitude ou un mode de fonctionnement que l’on croise trous les jours dans la rue, au boulot ou dans sa famille.

Le film ne tient que par l’écriture d’orfèvre de Michel Blanc et de son univers si particulier que seuls Bacri et Jaoui peuvent parfois approcher (Un air de familles ou Le gout des autres) quand ils sont en forme.

Si l’on aime le genre, la Petite zone de turbulence vous secouera de plaisir.
Les autres ne comprendront rien. Tant pis pour eux !!!!

mercredi 27 janvier 2010

Agora

Note : 1/4


En 1996, le film d’un jeune réalisateur âgé de 24 ans à peine sortie de son école de Cinéma ouvrait le festival de Berlin et montrait aux yeux du monde que le cinéma espagnol ne rimait pas fatalement avec Almodovar et Carlos Saura et qu’il fallait compter avec Alejandro Amenabar.

Premier essai, coup de maitre pour Amenabar !!
Avec Tesis, un thriller terrifiant sur l’univers des "snuff movies" dont il avait signé la mise en scène, le scenario, le montage et la musique et qui fut primé un peu partout tout en séduisant un large public, il s’imposait d’emblée comme un surdoué absolu.

Attendu au tournant, il récidivait 2 ans après avec Ouvre les Yeux, un film psychologique aux frontières du fantastique et de l’anticipation. Novateur et visuellement époustouflant, ce film récolta aussi une moisson de prix dans de nombreux festivals et récolta aussi les faveurs du public qui ne pouvait rester indifférent à tant de talent.
Tom Cruise fut époustouflé par le film, en racheta les droits et l’adapta pour lui et en fit un remake pour Hollywood sous le nom de Vanilla Sky. Un remake plutôt malheureux qui ne rendit pas hommage à son modèle.

Pris sous la coupe de Tom Cruise, Amenabar saisit l’opportunité qui lui était faite de tourner aux États Unis. Il signa un des thrillers surnaturel les plus fascinants de l’époque avec Les Autres pour lequel Nicole Kidman interprétait le rôle principal.

De retour en Espagne en 2004, il produisit, scénarisa et réalisa Mar Adentro, un film casse gueule sur l’euthanasie avec Javier Bardem qui récoltai lui aussi une moisson de prix dont un oscar, un golden globe et le grand prix de la mostra de Venise.

Avec un parcours sans faute de ce niveau, Amenabar est clairement rentré dans le club très privé des cinéastes dont on attend les films et que l’on va voir les yeux fermés.

Son projet Agora était en gestation depuis un petit moment.
Se confronter à un péplum, c’est assez casse gueule, mais venant d’Amenabar tout est possible.

Si le péplum est par essence une grande fresque spectaculaire dont Spartacus, Ben Hur et Gladiator sont les figures de proue, Agora en respecte les codes mais s’en démarque assez rapidement pour délivrer une réflexion différente dont l’essence n’est pas uniquement basée sur la bravoure, les batailles et l’héroïsme.

En effet le portrait de la philosophe et astronome Hypatie d’Alexandrie en 400 après Jésus Christ est à l’opposé des exploits du Général Maximus Decimus incarné par Russel Crowe dans le Gladiator de Ridley Scott.

En dressant le portrait d’une femme moderne obnubilée par ses recherches sur l'existence du système héliocentrique et le fait que les planètes tournent autour du soleil suivant une orbite en ellipse et non en cercle comme il était convenu jusqu’alors, Amenabar nous livre une approche plus que singulière du genre.

Au-delà du portrait d’Hypatie, le film s’évertue à insister sur le contraste entre cette femme moderne et libre et les guerres de religion dont la violence et la cruauté ravagèrent Alexandrie au moment de l’avènement du christianisme.
Clairement, Amenabar n’y va pas de main morte et dresse un portrait des premiers chrétiens d’une violence noire. La vision qu’il nous en donne est celle d’une bande de fanatiques à faire passer Oussama Ben Laden pour un chef scout.
L’évêque Saint Cyril est présenté comme un bourreau sanguinaire absolu qui règne sur une bande de dévots tel un Raël croisé avec un Adolf Hitler.

Au final le film se transforme en une attaque en règle contre le fanatisme et les religions.
On nous montre celles-ci et le Christianisme en particulier qu’à travers leurs ravages meurtriers.
De plus dans le film, elles sont accusées d’avoir plongé le monde dans l’obscurantisme en rabaissant l’homme et la science pour mieux assouvir leur pouvoir.
En quelque sorte c’est un plaidoyer maçonnique qu’Amenabar nous propose avec Agora ou l’anti-thèse d’un film comme Quo Vadis.

Pour traiter d’un tel sujet, il était évidemment plus simple de s’attaquer aux Chrétiens d’Alexandrie plutôt qu’à Mahomet ou aux conflits de la bande de Gazza.
C’est toujours les mêmes qui prennent c’est un peu agaçant !!!!

Que l’on adhère ou non à cette prise de position, on s’éloigne énormément du péplum traditionnel. La distraction que celui-ci apporte au spectateur laisse place à une épaisseur dans laquelle il est difficile de se retrouver puisque notre mode de vie est assez éloigné de la vie de tous les jours à Alexandrie.
Le film souffre donc de quelques longueurs dues à cet état de fait ainsi qu’au manque d’intérêt que peuvent susciter les recherches scientifiques d’Hypatie chez le spectateur lambda.

Bien sur dans sa forme, le film d’Amenabar est une prouesse. Sa reconstitution d’Alexandrie et de sa bibliothèque est à couper le souffle. La mise en scène est plus qu’inspirée. Les acteurs sont efficaces, la trame narrative est bien amenée.
Amenabar a énormément de talent et ce talent est présent sur chaque image.

Pourtant, malgré ce brio, et même si l’on occulte le coté polémiste du film, Agora est un film assez ennuyeux.
Et l’ennui est à mes yeux le pire ennemi du cinéma. Amenabar ne doit pas avoir le droit de nous ennuyer, il a trop de talent pour cela.

mardi 26 janvier 2010

Le Concert

Note : 3/4


Porté par un bouche à oreille terrible et de nombreuses critiques dithyrambiques, Le concert est le succès surprise de cette fin d’année 2009.

Le réalisateur du film, Radu Mihaileanu, est un cinéaste français d’origine roumaine dont la famille a fui le régime de Ceausescu pour s’installer en France.
Ce n’est pas un inconnu car il a été assistant réalisateur sur de nombreux films (de James Bond à Marco Ferrerri en passant part Jean Pierre Mocky) mais il a surtout fait parler de lui à travers des films comme Vie ou Vas, vis et deviens et Train de vie qui ont été primés dans de nombreux festival.

Le film raconte l’histoire assez rocambolesque d’un chef d’orchestre surdoué du Bolchoï mis au placard sous Brejnev pour ses positions antipatriotiques et qui se retrouve homme de ménage à l’opéra de Moscou.
Il tombe sur un fax proposant à l’orchestre du Bolchoï un concert prestigieux au théâtre du Chatelet de Paris.
Il décide de s’approprier cette invitation et de reformer son orchestre contre vents et marées et de le faire passer pour le Bolchoï afin mener à son terme un concert qu’il n’a jamais pu finir et de prendre une revanche sur le passé.

On n’est pas loin du remake version Russe des Blues Brothers.
Aussi fanfaronne que peut paraitre cette hypothèse on en est pas vraiment si éloigné.

En effet comme dans le film de John Landis, on voit deux énergumènes galérer pour réunir un ancien orchestre éparpillé, plus vraiment concerné et totalement désabusé par les ratages du passé.
On retrouve aussi un humour omniprésent, des personnages hauts en couleurs et une véritable déclaration d’Amour à la musique avec un grand A.

La comparaison s’arrête là car Le Concert est tout sauf un plagiat. On est en effet très loin d’Hollywood et des cascades de bagnoles et du rythm and blues.
Le film a une identité slave très forte qui vous fait passer du rire aux larmes.
La folie douce d’Emir Kusturica n’est pas très loin, les personnages hauts en couleurs du Barbier de Sibérie de Nikita Milkaeilkov non plus.

Tout cela nous donne un film plein de bons sentiments, résolument positif plein de drôlerie comme on aimerait en voir plus souvent.
Le concert est un film parfaitement maitrisé, solidement interprété par les acteurs français et russes.
Il remplit complètement son contrat et touche le spectateur exactement là ou il voulait le toucher : En plein cœur !!!

Le succès du film n’est donc absolument pas usurpé même si dans sa forme Le Concert ne révolutionnera en rien l’histoire du Cinéma. C’est du bon cinéma de papa, très académique mais particulièrement bien réussi qui saura séduire un public très large pour qui il sera probablement l’une des deux ou trois sorties en salle obscure de l’année.

Le Concert est aussi la preuve qu’il existe heureusement une alternative crédible aux blockbusters en 3D qu’on va nous infliger dans les prochaines années et que les émotions ne riment pas fatalement avec les centaines de millions de dollars de James Cameron et que la musique ne s’arrête heureusement pas à celle de l’ignoble James Horner.

Il faut donc aller voir Le Concert, avec toutes sa famille car il plaira autant au jeune de 12 ans qu’à ses grands parents et arrière grand parents. C’est dire si le film est fédérateur.

lundi 25 janvier 2010

Depeche Mode - Palais Omnisports de Paris Bercy, le 19 janvier 2010

Note : 3/4


Il ne peut en rester qu’un !!!

En 2010, Depeche Mode est le Highlander du courant New wave électronique apparue au début des années 80 en Angleterre.
30 ans après leurs débuts et plus de 100 millions de disques vendus, ils sont les seuls à avoir maintenu leur popularité et une carrière artistiquement crédible. Tous les autres ont disparu ou presque.

Certains n’ont pas su se renouveler et ont été les victimes d’un son devenu ringard avec le temps.
D’autres survivent dans des circuits de concerts nostalgique et ne fédèrent que quelques fans ultimes qui n’achètent même plus leurs albums.
Les autres ont splitté ou se sont reconvertis dans d’autres domaines et Dieu merci ne nous effraient plus avec leur terribles tenues vestimentaire, leurs coiffures immondes, leur maquillage outrancier et leurs synthétiseur Bontempi aujourd’hui purement inaudibles.

On pense dans le désordre à des groupes comme Orchestrial Manœuvre in the Dark aka OMD, Soft Cell, The human league, Dead or Alive, Adam and the Ants, Duran Duran, Eurythmics, Alphaville, Franky goes to Hollywwood, Visage et autres Yazoo et Camouflage ou Erasure.
Depecha Mode fait partie des derniers grands mohicans de la musique des années 80 dont la popularité n’a jamais faibli avec The Cure et U2.

Leur concert à Bercy est l’un des derniers de l’énorme tournée 2009 qui promouvait leur dernier album Sound of the universe.
Une tournée des stades au succès colossal qui a cependant connu quelques soubresauts et dates annulées en raison de l’opération d’une tumeur cancéreuse qu’a du subir le chanteur Dave Gahan.

C’est un Dave Gahan bien rétabli et un groupe très en forme et archi-rôdé par les nombreuses dates précédentes qui s’appropriait l’arène du sinistre Palais Omnisports de Bercy.
Une fois n’est pas coutume, il faut souligner que le son était exceptionnel et n’a pas pâti des maléfices sonores de la terrible architecture de Pierre Parat, Michel Andrault et Aydin Guvan.

Porté par ce son digne d’un rouleau compresseur sur lequel le jeu de batterie de maréchal ferrant de Christian Eigner donnait l’impression de s’incruster dans votre cervelle, Depeche Mode montre à qui en doutait qu’ils ne sont pas là pour plaisanter et que l’amateurisme et l’approximatif n’a pas de places chez eux.

Cela parait évident mais outre ses sons électro particulièrement travaillés et inoxydables à l’usure du temps et de la kitcherie, le véritable plus produit de Depeche Mode, c’est Dave Gahan !!!

Ce mec est un show man et un chanteur exceptionnel.
Il est clair que l’électro de Depeche Mode n’est qu’une superposition réussie de sons électroniques travaillés, de rythmes tribaux oppressants et des quelques riffs de guitares assez simplistes. Le coté mélodique vient presque uniquement du chant de Dave Gahan.
Son charisme et sa présence remplissent sans peine l’immense scène de Bercy et sa voix de stentor baryton est sans nul doute l’une des plus marquantes du genre au coté de celles de Nick Cave, Iggy Pop ou Jim Morrison.
Sa voix emmène la musique de Martin Gore et de ses acolytes dans une autre dimension qui explique sans peine le succès du groupe.

La première partie de la set list fait la part belle aux années 90 / 2000 du répertoire et au nouvel album.
Une chanson comme Wrong, le single du dernier album, s’inscrit sans peine comme un classique du groupe et trouve parfaitement sa place au milieu des classiques de cette période comme Walking in my shoes.

Le premier morceau emblématique de la période 80’s sera A question of time dans une bonne version mais on aurait aimé que Dave Gahan chante les refrains plutôt que de laisser chanter le public.

Après une petite session des chansons de Martin Gore, on entrera dans le vif du sujet avec les chansons historiques du groupe.
Tout de suite l’ambiance et la qualité du set monte d’un cran.
Il est clair que les morceaux des derniers albums des années 90 et 2000, s’ils sont bons et complètement dans l’esprit du groupe, n’atteignent en rien le niveau des grands classiques des années 80 et du début des années 90.
Au delà de leur notoriété immédiate, le chant et les refrains de Dave Gahan sont beaucoup plus fédérateurs sur les titres de cette période.

Il est clair que peu de groupe peuvent enchainer des hymnes comme Policy of truth, In your room, I feel you, Enjoy the silence, Never let me down again, Behind the wheels et Personal jesus.

Le public ne s’y trompe pas et exulte littéralement à juste titre en scandant les refrains à l’unisson.

Malgré cela le concert s’arrête presque brutalement après Personal Jesus et 2 heures de show.

Il y a de la frustration dans l’air. On se dit qu’on aurait bien rempilé pour 30 minutes de plus ou supprimé quelques chansons récentes pour pouvoir entendre les putains de tubes qu’ils n’ont pas joué ce soir tel que Master and servants, Shake the disease, I just can’t get enough, People are people, Everythings counts, Black celebration, Something to do

A cause de cela on quitte la salle avec un zeste d’amertume en ayant l’impression d’avoir vu un excellent concert mais d’être parti avant la fin.

Jacques Dutronc - Zénith Paris, le 15 janvier 2010

Note : 2/4


On aime tous Dutronc.
Beaucoup d’entre nous ont été bercé par ses chansons depuis leur plus jeune âge.
De plus c’est un personnage assez énigmatique mais particulièrement sympathique et même assez fascinant.
Avec sa gueule d’ange, son regard vif et malicieux, son sourire impertinent, son humour dévastateur et sa désinvolture assumée, Dutronc est une vraie figure culturelle française.
En tant qu’acteur et chanteur, il a tutoyé les sommets sans donner l’impression de se fouler une demie seconde.
Ami de Gainsbourg, mari de Françoise Hardy, Van Gogh chez Pialat, fêtard invétéré, ermite en Corse, amateur de vin et de cigare, ce mec véhicule une image hyper sympathique du français dans toute sa splendeur.
A l’heure du débat sur l’identité national, on pourrait peut être dire qu’être français c’est être Dutronc. Ce serait pas mal !!

Absent de la scène depuis près de 18 ans, son dernier disque (assez dispensable malgré ses retrouvailles avec Lanzman) Madame l’existence est sorti il y a près de 7 ans, Dutronc annonçait son retour sur les planches en mai dernier pour une cinquantaine de dates dans toutes la France qui le ferait quitter sa tanière Corse

Sa cote de popularité n’étant pas retombé d’un millimètre depuis son apparition au milieu des années 60 , les places se sont arrachées très vite et c’est donc assez heureux que l’on prenait le chemin du Zénith plein de cactus et de fille du père noël dans la tête.

C’est assis nonchalamment dans un fauteuil club que Dutronc fit son entrée sur scène.

Un groupe de requins de studio déroulant du blues rock plein de testostérone, l’accompagne. C’est avec beaucoup de désinvolture que Dutronc saisit son micro et attaque sa soirée par un Et moi et moi et moi de très bonne facture.
Bonne nouvelle, sa voix est parfaitement intacte et énergique.
Dés lors les tubes rock se succèdent : Fais pas si fais pas ça, La fille du père Noël, On nous cache tout on nous dit rien
Si les interprétations sont bonnes, le son calibré un peu trop propre de son groupe de requins de studio n’a pas la fraicheur du son « Kinksiens » des versions originales.
Le public (pas mal de jeunes retraités et quelques gamins d’une trentaine d’année) est assis et étonnamment passif. Pourtant ces chansons sont à reprendre en chœur.
On aurait aimé entendre ce répertoire rock yéyé dans une plus petite salle avec un son un peu plus crade devant un public plus jeune et plus vivant.

Mais Dutronc, ce n’est pas que du rock, c’est aussi un crooner. Sa voix fait merveille sur Le plus grand des voleurs, Les playboys, Comment elles dorment...

Le concert tourne alors plus au cours de chant. Entre chaque morceau Jacques Dutronc fait des vannes et cultive son personnage de désinvolte bourru sur-sensible à l’humour acerbe pour le bonheur du public.

Des titres des années 80 viennent s’intercaler avec Qui se souci de nous et le fabuleux Hymne à l’amour (moi l’nœud) qui semblent secouer et réveiller le public.

Vincent Lindon vient pousser la chansonnette en duo sur Tous les goûts sont dans ma nature de manière assez bancale. Il faut dire que ce n’est pas son métier.

Dutronc n’est pas une bête de scène. Si son charisme est évident et sa voix très bonne, on sent que la scène n’est pas son domaine. Statique et bourré de timidité, il l’aborde sans trop se fouler et sans avoir trop réfléchi à l’impact des enchainements de chansons ; il n’y a pas de montée en puissance. A force de parler systématiquement entre chaque chanson il empêche l’ambiance de décoller vraiment.
C’est peut être le prix de voir Dutronc en tout début de tournée, son spectacle n’est probablement pas encore rodé.

Cela ne nous empêche pas de prendre un plaisir fou à écouter Le petit jardin, Il est 5 heures paris s’éveille, J’aime les filles, Les cactus, L’opportuniste, Sur une nappe de restaurant dans de très bonnes versions.

A y réfléchir, on se dit que l’animal a quand même un répertoire assez magique.
Mais c’est sans trop se fouler que Dutronc assume sa tournée relevé des compteurs.

La soirée se termine par deux des chansons arnaque de son répertoire : Merde in France et La compapade.

Dutronc quitte la scène comme un éclair avec sa désinvolture légendaire avant de revenir pour un rappel ou il reprendra une version copier coller de Et moi et moi et moi par laquelle il avait attaqué la soirée.

On aurait préféré avoir Mini mini mini, Le responsable ou L’aventurier, Les gens sont fous les temps sont flous pour clore ce récital même si L’idole aurait été la parfaite conclusion de cette soirée tant elle reflète le personnage.

Ce fut un concert minimum syndical un peu bancal. On mettra ça sur le compte du début de tournée.
Un peu plus travaillé avec des enchainements de chansons plus énergiques et plus cohérent dans une salle avec une fosse sans places assises et un peu plus intime comme l’Olympia, le concert aurait été d’un autre niveau.

Mais Dutronc reste Dutronc et ca fait quand même plaisir d’avoir pu le voir sur scène !!

lundi 4 janvier 2010

Avatar


Note : 2/4

Ce mois cinématographique de décembre 2009 aura été écrasé par la sortie d’Avatar, le dernier méfait de James Cameron.
Vendu dans un désert cinématographique inédit pour une période de Noël, il écrase tout sur son passage.
En effet la concurrence ne semble pas avoir voulu relever le défi.
Aucun Disney ou magicien à lunette ne s’opposent aux créatures bleues de la planète Pandora.

Avec une campagne de communication comparable au déferlement d’un tsunami, une présence sur la toile digne d’un Obama en campagne mettant en exergue le plus gros budget de tout les temps (record fait pour être battu régulièrement ceci dit…) il fallait être un ermite pour ne pas être approché par la promotion du film.

De plus l’évènement bénéficiait d’un plus produit, puisque c’est bien de marketing dont on parle, avec la fameuse projection en 3D ou relief annoncée comme le nec plus ultra de la modernité.

Je m’autoriserai d’ailleurs une petite digression sur ce sujet.
On a longtemps vendu les films Pixar comme des films de 3D alors que ce sont des films en image de synthèse, 100 % crée sur ordinateur.
La 3D est le terme générique pour parler de film en relief.
Le cinéma en relief est d’ailleurs tout sauf une nouveauté. En effet en 1954, le réalisateur de B movies Jack Arnold avait fait sensation en utilisant ce procédé pour sa fameuse Créature du Lac Noir en utilisant un procédé de superposition d’images basé sur des couleurs filtrées par des lunettes sensibilisant chaque œil à une couleur primaire différente, jouant sur la perception de profondeur.
Les enfants nés dans le milieu des années 70 connaissent parfaitement ce système puisqu’ils avaient été nombreux à se procurer des lunettes pour voir cette fameuse créature en relief lors de la diffusion de ce film dans la fameuse dernière séance d’Eddy Mitchell. Cela avait d’ailleurs été un gros fiasco.

Outre La créature du Lac Noir, la 3D s’est invité sur pas mal de films et particulièrement sur les films d’horreurs dans les années 80 et 90. Le requin des Dents de la mer 3, L’ultime cauchemar de Freddy, Jason, le tueur au masque de hockey des Vendredi 13, La maison d’Amityville ont eux aussi expérimenté le relief pour augmenter la tension chez le spectateur.

Les Rolling Stones et U2 ont aussi fait en sorte de filmer des concerts en 3D qui ont été projetés dans des salles spécifiques comme la Géode.
Disneyland et le Futuroscope de Poitier ont eux aussi conçu des attractions basées sur ce procédé dans leurs parcs.

Ce que l’on sait moins en revanche, c’est que Le crime était presque parfait d’Alfred Hitchcock et le quatrième opus des aventures d’Emmanuelle ont aussi bénéficié du plus produit en relief.
Avis aux amateurs…

Si la 3D n’est donc pas une nouveauté, elle était jusqu’alors compliquée à mettre en place et pas forcement au point.
Depuis deux ou trois ans, et avec l’avènement des salles à projection numériques, le système est revenu sur le devant de la scène car il est beaucoup plus simple à mettre en place.
Quelques films mineurs l’ont utilisé : La terrible adaptation de Voyage au centre de la Terre avec l’homme aux yeux de poissons, Brendan Fraser, des films d’horreurs (Destination finale) et un paquet de film d’animation en image de synthèse (Volt, La haut, L’âge de glace…)

Le système étant désormais rodé, il était temps de le tester sur un vrai bon gros block buster afin de mesurer son impact auprès des ados qui sont les premiers consommateurs de cinéma. Des consommateurs qui désertent quelque peu les salles en étant happé par les consoles de jeux qui les placent au cœur d’une aventure alors que le cinéma ne peut que les mettre devant une aventure.

On comprend donc que la 3D d’Avatar est une date importante car si l’essai se révèle payant, on peut s’attendre à voir de nombreux block buster en 3D déferler sur os écrans dans les années à venir au moment des fêtes de Noël.

Revenons au film !!!

Avatar est un tour de force et un vrai film de cinéma.
En effet si l’on estime que le cinéma est une usine à rêves et de divertissements à grand spectacle, Avatar en est l’illustration même.

James Cameron, par la dimension et l’ampleur de ses projets cinématographiques est bel et bien le digne héritier de Cecil B de Mille (réalisateur en son temps des Dix commandements, de Sanson et Dalila, du Plus grand chapiteau du monde) et de ses films pharaoniques qui était eux aussi des laboratoires pour les effets spéciaux ou des techniques nouvelles pour l’époque comme le Technicolor.

En utilisant et améliorant toutes les techniques en gestation depuis des années (effets spéciaux, numérique, motion capture, 3D, images de synthèse…) James Cameron arrive à nous faire vivre sur la planète Pandora, à nous promener dans ses forets, à voler dans le ciel sur des ptérodactyles, à nager au fond des rivières, à participer à des batailles terrestres et aériennes délirantes.
De ce point de vue là Avatar est un film extraordinaire et presque sans équivalent qui ne peut laisser insensible même le fonctionnaire le plus sinistre de l’administration publique.

LA 3D apporte un peu plus d’ampleur au film même si celui-ci reste tout aussi spectaculaire sans elle.

Avec Avatar et comme pour ses films précédents (Terminator, Aliens, Abyss, Titanic), le cinéma de James Cameron se démarque par son modernisme, sa technologie de pointe et son ambition.
Cependant cette quête effrénée de la démesure a un prix.

Le but des films de Cameron est de mettre en avant à la manière d’un feu d’artifice les technologies les plus modernes.
Du coup ses films résistent mal à l’épreuve du temps puisque cette technologie correspond forcement à un instant T qui sera fatalement dépassé puisque celles-ci ne cesseront d’évoluer.

Il faut donc voir Avatar maintenant et sur très grand écran.
Pas dans dix ans car le film aura vieilli et probablement mal vieillit. Regardez Titanic ou T2 aujourd’hui et vous comprendrez …
Il est clair que l’univers de Pandora avec ses couleurs chatoyantes, fluoressantes et phosphoressantes semble tout droit sorti d’une fullmoon party sur une plage thaïlandaise et de la BD Aldebaran. Un univers qui risque toutefois d’être obsolète dans 10 ans.

Imaginer la vision de ce film sur un écran de télévision serait aussi fascinant que de regarder un concert d’Iggy pop ou des stones sur Youtube.

A baser son film sur la technologie, Cameron laisse souvent l’histoire au second plan et c’est le très gros défaut du film.
Avec un tel budget, on aurait pu imaginer une équipe de scénaristes sortant des trames narratives solides, des personnages à plusieurs facettes, des rebondissements terribles.
Mais Cameron s’est laissé emprisonner par le Marketing.
A vouloir séduire le plus grand public possible et à faire secouer le money maker il est devenu l’esclave des projections tests.

Du coup, toute l’histoire est devenue simpliste, les rebondissements convenus et prévisibles et les personnages totalement manichéens.

La colonisation de la planète Pandora par des terriens aveuglés par l’appât d’un métal précieux les poussant à commettre un génocide manque clairement d’originalité.

La résistance s’organisant autour d’un héros handicapé mais pourtant fédérateur fait penser dans son traitement à une relecture de Mission de Rolland Joffé, de Gladiator, de Blood diamond ou de Braveheart.

Alors que de vrais thèmes de sciences comme le dédoublement de personnalité, les actions simultanées dans deux endroits différents, auraient pu être exploité de manière originale Cameron s’emploie à nous proposer un scénario totalement convenu et mille fois vu et revu.

Si le personnage principal tient plus que la route, les personnages secondaires sont des désastres absolus tant ils sont débiles, inexpressifs et archi caricaturaux.
Le grand méchant en chef qui dirige les assauts avec son mug de café à la main et dont le manque d’humanité ferait passer le Terminator pour un poète lyrique est d’un pathétique achevé.
La prestation de Michelle Rodriguez et sa poitrine opulente en pilote d’hélicoptère tiraillé entre son devoir militaire et sa conscience est à peu près aussi poignante que Denise Richards en astrophysicienne dans un James Bond avec Pierce Brosnan.
Je m’arrêterais là car la liste est longue et que je ne souhaite pas égratigner Sigourney Weaver pour qui j’ai le plus grand respect.

Cameron est un cinéaste excessif. Il veut trop en mettre plein la vue et il en fait des tonnes et des tonnes : Les effets spéciaux, les histoires d’amours soutenues par des violons dégoulinants, les combats dantesques, les méchants très très méchants, les gentils très gentils.
Dire que l’ensemble maque de finesse est un euphémisme.

Au-delà de la mise en scène, il veut renforcer son propos avec un message à destination des générations futures à travers deux thèmes chocs : l’écologie et la lutte contre le racisme !!!
Une écologique hyper opportuniste dénonçant la déforestation et prônant la préservation des espèces en dangers.
La lutte contre le racisme à travers la représentation des hommes bleus qui font irrémédiablement penser à des afros américains aux yeux bridés et qui malgré leur coutumes qui nous sont étrangère ont énormément de choses à nous apprendre.

Tout cela est enrobé par un mysticisme de bas étage ou la croyance en l’au-delà et aux puissances de la nature semble être l’ultime salut.
Au-delà de l’opportunisme on rigole quand même doucement en repensant au budget du film et au bilan carbone de celui-ci…

Pour enrober le tout, Cameron a le mauvais goût de faire appel pour la musique à l’ignoble James Horner dont je dénonce ici le manque de talent régulièrement.
Une fois de plus, celui-ci nous sert une partition pompière, omniprésente, dégoulinante d’une vulgarité absolue et d’une finesse de diplodocus.
Pour appuyer le coté écolo du film, Horner nous inflige une musique éthno new age aseptisée comme le groupe Era n’oserait même pas nous en proposer…
Le sommet de la vulgarité, et de l’horreur musicale atteint son paroxysme lors du générique de fin avec la chanson de Léona Lewis.
Avec une voix qui mélange le pire de Céline Dion et de Maria Carey, elle hurle comme un chien devant la pleine lune à grand renfort de vibratos des paroles débiles qui feraient passer My heart will go on de Céline Dion dans Titanic pour une alliance entre Mozart et Arthur Rimbaud. C’est proprement effroyable !!!!
Cela dit les spectateurs quittent la salle très vite du coup…

Si Avatar peut représenter par son coté visuel une date dans l’histoire du Cinéma, un film hors norme comme on en voit peu, c’est aussi un soufflé, un beau soufflé doré très appétissant mais qui retombe assez vite.
Cependant ses faiblesses sont assez criantes et l’empêcheront à mes yeux d’avoir la même portée, la même profondeur qu’un Star Wars ou que Le Seigneur des anneaux.

On passe toutefois un bon moment devant un grand écran car le film nous emmène quand même bien plus loin qu’une ligne de RER.