vendredi 9 novembre 2012

Linton Kwesi Johnson aka LKJ - Cabaret Sauvage, 8 novembre 2012

Absent depuis 5 ans des scènes parisiennes, Linton Kwesi Johnson aka LKJ faisait son retour dans le cadre presque intime du cabaret sauvage, lui qui avait pour habitude de se produire au Zénith.

LKJ est un ovni dans le monde du reggae dub. Bien que d'origine jamaïcaine, LKJ,est anglais ou il vit depuis son enfance. Il n'est pas rasta, n'a pas de dread et ne semble pas particulièrement fasciné par Haile Sellassie, Zion ou la chute de Babylone. LKJ écrit des textes, des poèmes tournés vers un militantisme de gauche , marqué par les black panthers, la lutte contre le thatchérisme et les injustices raciales et sociales. Il déclame ses textes avec un flow et une voix grave qui n'appartiennent qu'à lui sur une musique Dub, reggae obsédante du meilleur effet. Il est depuis une quarantaine d'années une référence et un artiste phare, présent en tête d'affiche des plus grand festival et respecté par tout le public reggae. Il est accompagné depuis de nombreuses années par le Denis Bovell Dub Band, un sound system anglais avec une section cuivre composé de musiciens virtuoses dont les envolées s'apparentent aussi bien au jazz qu'au reggae et au dub.

Bien entendu la salle était bien pleine, et comme souvent dans les concerts reggae, la première partie est assurée par des djays qui chauffent la salle en mixant avec brio des pépites de reggae roots. Comme toujours, on se laisse embarquer jusqu'au moment ou les mix s'éternisent en nous rappelant qu'on est pas venu pour çà et qu'il serait bon que la tête d'affiche entre sur scène.

Le Denis Bovell Dub Band investit alors la scène et se lance dans un nouveau tour de chauffe d'une demie heure avant que LKJ se décide à apparaître avec sa barbichette, son chapeau, son costume et sa cravate qui ne dépareilleraient pas dans un mariage antillais devant un public acquis à sa cause mais qui commençait à trouver le temps long. Dès lors la magie opère, portée par un son extrêmement bien réglé et clair comme on aimerait en avoir à chaque concert.
Lkj enchaine ses grands tubes des albums seventies comme Poet And The Roots, Forces Of Victory, More Time, Fite Dem Back, Sonny's Lettah, dans des versions fidèle qui offrent souvent aux différents solistes du Denis Bovell Band des occasions de partir dans des solos ou des dub de folie.

On se rappelle aussi que LKJ n'est pas seulement un musicien mais aussi un professeur de sociologie et d'économie (de tendance marxiste comme on en a presque plus dans l'éducation nationale) par le ton professoral qu'il utilise pour introduire ou expliquer les titres qu'il va jouer.

Le concert est excellent, fascinant, même si de mon point de vue, il sonne un peu trop reggae british.
Je m'explique : les musiciens sont des virtuoses, à tel point que le son d'ensemble est trop parfait, trop rodé, presque clinique par moments.
On ne retrouve pas la chaleur, ou les accidents magiques qui font le charme des pionniers du reggae roots jamaïcain comme Israel Vibration, Twinckle Brothers ou Clinton Fearon.
Avec LkJ on est dans un reggae dub urbain, froid comme le quartier de Brixton et très loin des plages de sables de l'océan pacifique, des bidon villes tiersmondiste de Kingston, des effluves de ganja et de Jah.

Malgré ce manque de chaleur, le concert était excellent, obsédant, surprenant, fascinant, et assez unique en son genre. Bref, un moment de musique à ne pas manquer !

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