lundi 23 novembre 2009

Et pour quelques dollars de plus


Note : 4/4

Après Il était une fois la révolution il y a quelques semaines, le Grand Action nous donne la rare possibilité de voir des Sergio Leone sur grand écran.

Cette fois-ci c’est Et pour quelques dollars de plus que nous avons la possibilité de revoir.

Et pour quelques dollars de plus est le second volet de la trilogie des dollars.

Le premier volet était Pour une poignée de dollars qui, loin s’en faut, n’est pas le meilleur film de Sergio Leone. Il avait toutefois le mérite de poser les codes de sa vision du cinéma et du western.

Avec le recul, ce film fut un énorme pavé dans la mare, un vrai film Punk !!!
En présentant l’Ouest Américain comme une terre désolée, peuplée de tueurs et de racailles n’ayant d’autres scrupules que l’avidité de l’or et la cruauté la plus bestiale. Il est clair que l’approche de Léone dénotait par rapport à l’ouest triomphal de John Wayne et John Ford.
Outre cette représentation, le film de Leone introduisait un anti héros sans foi ni loi interprété par un inconnu du public, Clint Eastwood dont on ne sait rien, même pas le nom.
Avec un budget proche du néant, des dialogues plus que basiques, une photographie exceptionnelle apportant une vision totalement neuve au cinéma et une première collaboration avec Morricone, Léone remporta un succès inespéré.
D’autant que comme tous ces westerns, le Far West fut filmé à Almeria en plein Andalousie avec des figurants italiens et espagnols.

Fort de ce succès, il obtint un budget plus consistant pour réaliser son deuxième western Et pour quelques dollars de plus.
En assumant complètement son style, Léone poussa le bouchon encore plus loin et donna une vision encore plus personnelle et un bien meilleur film.

Sur les deux heures du film, les trois premiers quarts d’heures ne servent qu’à présenter les trois personnages : Deux chasseurs de primes et un outlaw de la pire espèce. Dans cette présentation, on ne sait rien de leurs vies, à peine leur noms mais on comprend à qui on a à faire et comment ils fonctionnent.

L’histoire ne se déclenche donc qu’au bout de 45 minutes, ou l’on comprend que les deux chasseurs de primes sont contraints de s’associer afin de mettre la main sur le terrible outlaw appelé l’Indien.

Après un braquage de banque et bien des péripéties, tout ce petit monde se retrouve dans un petit village près du Mexique appelé Agua Callente, un village où l’on n’aime pas beaucoup les étrangers.

C’est dans ce village que les protagonistes abattront leurs cartes. Certains sont venus pour l’or et d’autres pour se venger.

Présenter comme cela, ca ne donne pas vraiment envie et semble assez classique.

Cependant la mise en scène que fait Sergio Léone de cette histoire transfigure le film et nous livre l’un des 5 meilleurs westerns de tous les temps.

Il nous offre une vision onirique de tous ces évènements.

La chorégraphie réalisée avec la musique du maestro Ennio Morricone magnifie les scènes en leur donnant une ampleur inégalée quasi biblique.

Chaque scène est un chef d’œuvre photographique.

L’attitude et la dégaine des personnages ou s’entremêle parodie, réalisme et cynisme leur donne une personnalité et un charisme rarement atteint sur un écran de cinéma.

Les scènes d’anthologie se succèdent (le braquage de banque, la provocation de Klaus Kinski…) pour finir sur un final délirant sous la forme d’un duel au milieu de la poussière ou la vérité éclatera au son de la musique de Morricone et avec l’intervention de Clint Eastwood.

L’interprétation de Gian Maria Volonte en pistolero violent et exalté fait froid dans le dos. Le cynisme d’Eastwood et les yeux de vautour de Lee Van Cleef porte ce film au sommet du cinéma de genre.
Un sommet qui sera d’ailleurs franchi avec le troisième film de cette trilogie qui atteindra à mes yeux le firmament du 7eme art : Le bon la brute et le truand.

A la suite de cela Léone entamera une nouvelle trilogie. La trilogie des « Il était une fois » qui donnera une vision de la construction du continent Américain à travers le crime, le vice et la vengeance et dont la portée cinématographique sera aussi bonne voire meilleur que la trilogie des dollars.

Comme Stanley Kubrick, Sergio Leone mourut trop jeune en n’eut pas le temps de réaliser un film sur la bataille de Stalingrad qui, d’après les phantasmes de nombreux fans, promettait d’être au film de guerre ce que la trilogie des dollars fut au western.
Il se murmurait aussi que ce projet aurait été aussi le premier volet d’une nouvelle trilogie.

On en rêve encore !!!

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