lundi 9 novembre 2009

Placebo - Zénith Paris, 25 octobre 2009

Note : 2/4

Le Zénith affichait complet pour le deuxième des trois concerts parisien de Placebo.

En 15 ans de carrière Placebo s’est imposé comme un étendard du rock dit indépendant à l’orée des années 2000, période ou le Rock ne semblait n’être plus qu’un souvenir délaissé à la faveur d’une mouvance électro-techno plus que discutable dont la postérité reste à ce jour une illusion.

A cette triste époque Placebo s’était affirmé comme un power trio énergique fortement influencé par Joy Division, Cure, le glam rock et David Bowie période trilogie berlinoise.
Outre ces influences, Placebo possédait en la personne de Brian Molko, un chanteur avec une voix vraiment personnelle et véhiculait une attitude sulfureuse basée dur les codes sexe, drogues et rock and roll qui ne laissait pas indifférent.
Mais surtout, Placebo avait la recette pour pondre des tubes à répétition suffisamment fédérateurs pour attirer en même temps l’attention du fan de rock le plus exigeant que les programmateurs des grandes radios FM et donc de s’imposer comme dans nos contrée comme un groupe grand public.
Des titres comme Pure morning, Every you and every me, Slave to the wage ou The bitter end sont effectivement des titres imparables.

Placebo tourne pour soutenir son nouvel album Battle of the sun sorti peu avant l’été et qui est marqué par un changement de personnel puisque le batteur Steve Hewitt a cédé sa place à un jeune bucheron tatoué américain du nom de Steve Forrest.

Il faut souligner que placebo passe trois soirs au Zénith plutôt qu’un soir à Bercy, ce qui est plus qu’appréciable puisque cela nous donne l’occasion de les voir dans une vraie salle de concert à dimension presque humaine et ne souffrant pas de l’acoustique effroyable du blockhaus du 12ème arrondissement.

Revenons au concert :
Mauvaise nouvelle !!!
Impossible de se garer car le parking du Zénith est en réparation, nous arrivons donc en retard et le concert est déjà commencé et ce n’est jamais évident de rentrer à froid dans l’ambiance d’un concert déjà lancé.

Première impression :
Placebo en 2009, c’est de la grosse artillerie. Le son est puissant et excellent. Ils n’ont pas lésiné sur les moyens et le light show est très impressionnant.
On est désormais très loin du power trio des premières années puisqu’ils sont sept sur scène.
A chaque chanson les musiciens changent d’instruments et démontre une collection de guitare impressionnante.
La set list est un savant mélange de nouveaux et d’anciens titres joué de manière hyper professionnelle et carrée.
On est clairement pas là pour plaisanter. Placebo donne au public ce qu’il est venu chercher : Du son et des tubes !!!!
Sur scène le nouveau batteur démontre une puissance de feu digne de l’étoile Noire face à la planète Alderande, ce qui est assez impressionnant.

Brian Molko chante bien et maitrise bien la scène même si il est loin d’avoir le charisme d’un Bowie, d’un Nick Cave et d’un Iggy Pop. Il vaut toutefois mieux qu’il reste silencieux entre les morceaux car ses sorties sont presque dignes d’un Nikola Sirkis ou d’un Jean louis Aubert au meilleur de leur forme.

Son acolyte, le bassiste Stefan Ofsdal promène sa grande carcasse qui est une sorte de croisement entre un Frankenstein anorexique maniérée et du personnage de The Gimp dans Pulp Fiction (l’étrange esclave SM enfermé dans un coffre). Au-delà de son apparence, force est de constater que le musicien maitrise son sujet et qu’il est la base de l’architecture musicale du groupe.

Au-delà de cette première impression remplie de puissance et de professionnalisme, d’autres constats s’imposent à nous.

Même si le public a l’air d’être content, le groupe est glacial, il semble qu’il manque d’âme. Sa prestation aussi professionnelle soit elle ne transmet aucune chaleur et aucune émotion.
On a l’impression d’être devant un concert millimétré ou chaque note ou attitude est tellement travaillée qu’elle ne laisse aucune place à l’improvisation.

Bien sur certains me diront que Placebo est un groupe un peu dark-flirtant avec le courant gothique. Je vous l’accorde aisément, cependant placebo ne véhicule pas ce magnétisme ou cet esthétisme froid et fascinant que l’on peut retrouver chez Bahaus, Joy Division, The Cure ou Nick Cave.

Mais le plus marquant, c’est que placebo, derrière son attitude et son gros son est en fait un groupe pour nanas.
En effet derrière les guitares, les refrains et les couplets sont finalement assez bubble gum. L’attitude androgyne de Brian Molko semble beaucoup leur plaire.
La preuve c’est que la gente féminine est d’ailleurs particulièrement présente dans le public et qu’on y retrouve pas mal de groupies ado hurlant comme si elles avaient croisé Patrick Bruel ou Tom Cruise il y a 20 ans ou Tokyo Hotel il y a deux ans.
Il se peut qu’il y ait une filiation entre Tokyo Hotel, Indochine, et Placebo pour le public.
Ces groupes s’écoutent à 15, 18 et 20 ans.

Plus le concert avance plus on s’aperçoit que Placebo n’a rien inventé.
Musicalement, même si c’est très bien joué, il n’y a aucune personnalité. Tout est pompé à droite et à gauche, édulcoré et formaté pour coller à l’image qu’ils tentent de donner. Placebo est donc le parfait exemple du groupe mainstream qui touche le grand public mais qui ne marquera pas l’histoire.
Il y en a d’autre dans cette catégorie et selon les époques : Coldplay, The Troggs, Pat Boone…

On est donc finalement pas à un concert de Rock mais à un showroom présentant un produit formaté à un public ciblé et sélectionné pour sa capacité à l’aimer et le consommer.

Autrefois, Placebo avait probablement une âme et de la spontanéité, mais c’est aujourd’hui un vampire coaché par des marketeurs et des conseillers en communication.
Il y a fort à parier que leurs albums ne cesseront jamais de se répéter et de devenir de moins en moins intéressants.

1 commentaire:

  1. Note du commentaire : 4/4
    Les descriptions sont très imaginatives, j'avais l'impression d'y être !!
    Céline

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