jeudi 28 janvier 2010

Une petite zone de turbulences

Note : 3/4

En France Michel Blanc est un personnage incontournable du paysage du cinéma.

Pour beaucoup, il est et restera l’un des membres de la troupe du Splendide et le Jean Claude Duss des Bronzés.

Si l’on occulte le terrifiant troisième opus des bronzés ce temps est révolu depuis plus de 25 ans.

Durant ces 25 dernières années Michel Blanc nous a montré qu’il valait mieux que cette image quelque peu réductrice.

A travers des rôles complexes comme Monsieur Hire, des prises de risques comme Tenues de soirées, des comédies aigres douces comme Je vous trouve très beau, il a montré qu’il était un comédien assez exceptionnel.
Son talent ne s’arrête pas là puisqu’il a mis en scène des films assez intéressants comme Une mauvaise passe ou Embrassez qui vous voudrez dans lequel l’humour acerbe de ses dialogues aiguisés prouve qu’il est l’un des meilleurs spécialistes du genre dans le cinéma français.

A mieux y regarder, ses dialogues incisifs, leur humour noir et leur originalité nous prouvent que Michel Blanc était beaucoup plus important qu’on ne le pense dans le succès du Splendide. Les films pathétiques de Jugnot, Clavier ou Balasko en solo sont la preuve criante qu’ils se retrouvent bien dépourvus quand les dialogues et l’esprit du petit chauve hypocondriaque leur fait défaut.

Avec Une petite zone de turbulences, Michel Blanc fait son retour sur le grand écran.
Même s’il n’en est pas le réalisateur, ce film est bien son projet puisque c’est lui qui a écrit l’adaptation du roman anglais duquel il est tiré. C’est encore lui qui en a écrit le scénario et les dialogues. Et c’est lui qui s’en est octroyé le rôle principal.

Une petite zone de turbulence est un vaudeville qui aurait su s’échapper des grands boulevards et de leurs théâtres grotesques pour trouver un équilibre instable entre l’humour anglais et le regard meurtrier de Michel Blanc.

La dépression que traverse Jean Paul, hypocondriaque torturé au moment ou il s’aperçoit que sa femme le trompe, que son fils est homosexuel et que sa fille va se marier avec un con est le prétexte à un festival de dialogues corrosifs écrits au vitriol.
Les amateurs d’humour noir, de second degré ne pourront qu’apprécier, rire et applaudir ce tour de force.

Si Blanc est omniprésent à travers son personnage fétiche d’hypocondriaque dépressif, il est extrêmement bien accompagné par ses partenaires.

Melanie Doutey rend détestable son personnage d’enfants gâtés colérique. Miou Miou joue avec énormément de finesse son personnage de femme modèle pas si modèle que cela.
Gilles Lelouche joue avec beaucoup de finesse son personnage d’agents de sécurité sensible.

Tous les autres personnages, même les plus insignifiants, sont le fruit du regard acerbe de Michel Blanc et retranscrivent tous un petit défaut ou caricaturent une attitude ou un mode de fonctionnement que l’on croise trous les jours dans la rue, au boulot ou dans sa famille.

Le film ne tient que par l’écriture d’orfèvre de Michel Blanc et de son univers si particulier que seuls Bacri et Jaoui peuvent parfois approcher (Un air de familles ou Le gout des autres) quand ils sont en forme.

Si l’on aime le genre, la Petite zone de turbulence vous secouera de plaisir.
Les autres ne comprendront rien. Tant pis pour eux !!!!

1 commentaire:

  1. Dans un certain sens, c'est notre Woody Allen français... Avec plus de talent pour se renouveler, peut-être.

    RépondreSupprimer