jeudi 1 octobre 2009

Noir Désir - L'Olympia Paris, le 3 février 1993


Note : 4/4

Quelques temps après la sortie de l’album Tostaki dont le single éponyme envahissait les ondes et remettait au gout du jour le pogo dans les soirées étudiantes, Noir Désir commençait une tournée marathon.

La première salle parisienne fut l’Olympia.

Attendu au tournant après une tournée écourtée pour raison de santé lors de la sortie de l’album Du ciment sous les plaines, la fameuse salle parisienne s’était remplie très vite (prix des places 110 Francs soit 17 Euros) et affichait logiquement complet.

Après une première partie assurée par les City Kids, groupe havrais mort peu de temps après, les lumières s’éteignirent et Noir Désir attaqua.

Attaquer, c’est le mot qui convient tant ce concert fut défenestrant !!

La première chanson fut La rage, extrait de leur premier album. La relecture survoltée de cette chanson transforma la salle en champ de bataille tant elle portait bien son nom.

No, no, no nous apprend ce que peut être une montée en intensité.

Ici Paris, Les écorchés, A l’arrière des taxis, Johnny confirment que la bataille fait rage.

Quand on parle de rage et de bataille, il faut néanmoins préciser qu’il ne s’agit pas d’une rage de bourrin façon métal à la KoЯn, mais d’une rage brute stylisée.

Quelques chansons comme Lolita et Marlène donnent de l’air à un public tout en le maintenant dans l’univers si particulier du Fleuve.

Clairement les textes de Noir Désir sont au dessus de la moyenne, ils transmettent une poésie d’auteurs maudits dont l’approche peut évoquer, toute proportion gardée, Rimbaud, Lautréamont ou Baudelaire.

Première évidence, Noir Désir est un groupe d’un niveau extraordinaire.

Personne ne joue de la guitare comme Serge Teyssot Guay. Son jeu est personnel, son son est abrasif et apporte désormais une vraie maturité à Noir Désir.

Mais Surtout Bertrand Cantat est un chanteur totalement faramineux. Sa voix est tour à tour belle, troublante, violente, rageuse et envoutante.

Il est littéralement habité et bénéficie d’un charisme et d’une présence hors du commun.

A bien des égards, sa silhouette s’approche d’un Corto Maltèse survoltée.

Il est de la trempe d’un Iggy Pop, d’un Nick Cave, d’un Jim Morrisson et peut être aussi d’un Brel.

Deuxième évidence : Le groupe ne se contente pas de faire un copier coller des versions albums. Au contraire ils les entrainent dans leurs retranchements. Tels des funambules sur une lame de rasoir, ils poussent leurs chanson au bout de la rage et de la transe.

Les versions de La chaleur, de The holy economic war emportent tout sur leur passage.

Le groupe nous offre une relecture de I want you des Beatles et de Long time man de Nick Cave en emmenant ces chansons au-delà de l’imaginable sur des chemins de traverses qui n’appartiennent qu’à eux.

Dans l’obscurité, des éructations, des cris stridents, des guitares font gronder l’orage, la batterie fait sonner le tonnerre et nous voilà En route pour la joie.

C’est une version dantesque de plus de dix minutes qui ravage l’atmosphère, et entraine le public de la transe chamanique à des crescendos aux sommets de l’intensité et de la rage.

Quelle claque !!!! On se sent hagard mais conscient d’avoir vécu un immense moment de musique et de scène.

Et contre tout attente, ce n’est pas fini. Noir Désir revient avec un violoniste et toutes lumières allumées, ils s’attaquent à Drunken Sailor, une chanson de marins qui redonnerait du courage à une armée en perdition.

Peut être qu’on ne reverra plus un tel spectacle.

Pour s'en rendre compte, Noir Désir - En route pour la joie à la Cigale, 1993

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