vendredi 13 novembre 2009

Gong - Le Bataclan Paris, 4 novembre 2009

Note : 4/4

C’est dans les vielles casseroles qu’on fait les meilleurs plats !!!
Tel est le constat que l’on peut dresser à la sortie du concert de Gong au Bataclan en 2009.

Gong est un groupe culte bien qu’assez méconnu du grand public qui existe depuis près de 40 ans mais qui draine un public fidèle sans cesse renouvelé.

Formé en France à la fin des années 60 par Deavid Allen, un australien un peu perché qui était aussi le fondateur de Soft Machine avec Robert Wyatt et Kevin Ayers, Gong est d’avantage un collectif qu’un groupe.
Fondé en plein flower power, gong était à la base un groupe dont les membres vivaient dans une communauté hippie dans le Sud de la France.
Bien entendu cette communauté était à géométrie variable et empilait les talents les plus divers et improbables pendant des lapses de temps plus ou moins long.

Tout au long de son histoire Gong a vu passer des dizaines de musiciens virtuoses que l’on a retrouvés par la suite dans de multiples formations (Hadouck Trio, Hawkwind, Miles Davis, et bien d’autres).
Le batteur Pierre Moerlen, les guitaristes Steve Hillage et Deavid Allen, le Saxophoniste Didier Malherbe, le claviériste Tim Blacke, le percussionniste Mino Cinelu et l’inclassable Gilly Smyth sont les plus connus d’entre eux.

La musique de Gong est au carrefour de plusieurs styles et est assez inclassable et pas forcement simple d’accès hors de la scène.
Elle peut être qualifiée de psychédélique, de jazz rock, d’acid jazz, de space rock, de musique planante, de free jazz ou de rock progressif.
Au final c’est un peu un mélange de tout cela.
Elle a beaucoup variée selon les époques et les influences des musiciens passés dans ses rangs et des différentes émanations du groupe. A certaines époques plusieurs Gong se produisaient en même temps. Le Pierre Moerlen’s Gong qui était plus free jazz, le Planet gong plus space rock avec Daevid Allen ou le Acid mother gong de Gilly Smyth.
Cependant, ces émanations se regroupaient de temps à autres pour des concerts commun ou des conventions regroupant les groupes des anciens membres de Gong.

Las albums marquants sont Angel Egges, Flying Teapot, You, Gazeuse, le Live etc.

Sur scène, Gong a la réputation de toujours livrer des concerts mémorables ou s’entremêlent les envolées musicales, les phases planantes, les transes hypnotiques, les breaks les plus improbables et des solos et des improvisations totalement virtuoses.

Ne les ayant jamais vus auparavant, c’est avec beaucoup de curiosité que j’attendais de concert, mais aussi beaucoup d’appréhension car certains musiciens pouvaient avoir dépassé la date de péremption (Gilly Smyth a 76 ans et Daevid Allen 72 ans) et que je ne savais pas du tout quoi attendre de leur son en 2009 et du répertoire abordé lors de cette tournée.

C’est avec les éléments historiques (Allen, Malherbe, Hillage et Smyth) que Gong faisait son retour en France.

Très vite beaucoup de mes appréhensions sont tombées.

Oui certains membres du groupe sont vieux, mais ils restent en pleine possession de leurs moyens !
Gilly Smyth a bien cette voix mi sorcière mi sirène si caractéristique. Daevid Allen avec sa tête de Merlin l’enchanteur ou du Doc Emmet Brown de Retour vers le futur montre l’enthousiasme d’un petit garçon espiègle tout en déployant un charisme et une énergie naturelle que beaucoup doivent lui envier. Je ne parle pas de la qualité de son jeu de guitare et de la manière hyper maitrisée dont il utilise sa voix qui semblent s’être bonifiée avec les années.

Le répertoire abordé se concentre sur les albums historique (Flying teapot, You et Angel eggs notamment).

La musique de Gong est une musique qui vous prend par surprise. Elle vous prend par la main et vous emmène dans toute une série de climats différents comme si l’on suivait paisiblement le cours d’un ruisseau de sa source jusqu’à sa jetée dans la mer.

La noirceur et le pessimisme sont totalement absents de cette musique qui trouve un équilibre improbable tour à tour fascinant et hypnotique entre le psyché planant, le free jazz et une base rock totalement assumée superposée par des sons électroniques bien sentis.

Gong, par sa simplicité et son coté positif et festif communicatif se situe très loin de l’univers un peu dark de King Krimson, de l’atroce lourdeur de Yes ou du coté intello conceptuel de Soft Machine.

Les musiciens semblent heureux d’être là et gratifient un public tout acquis à leur cause de solos sidérants qui l’emporte dans les tréfonds de son imagination.au cœur du monde de Gong (un monde peuplé de farfadets, de théières volantes, de sorcières et de magiciens).
La musique de Gong est un espace de liberté ou les musiciens au-delà des solos trouvent une alchimie unique dans les confins de leur créativité.


Par leurs enthousiasme, leurs désinvolture et l’impression de facilité absolue qu’ils dégagent, on oublierait presque que la musique de Gong est complexe et qu’elle ne peut être jouée que par des musiciens plus qu’accomplis qui maitrise la scène à la perfection.

On n’entend pas ce type de musique tous les jours, il faut la vivre sur scène pour en saisir toute sa portée et tout son intérêt.
Une écoute attentive, même confortablement installé chez soi, peut s’avérer déconcertante mais sur scène c’est une autre histoire.
Elle est magnifié par la puissance du son, par les improvisations des musiciens, par l’attitude halluciné et franchement drôle de ce vieux savant fou de David Allen et de ses déguisements extravagants tout comme les vidéos trippantes projetées qui sont elles aussi une invitation au voyage.

Clairement ce concert fut un grand moment de musique télé porteuse. Le seul regret que l’on puisse avoir en quittant la salle est qu’il n’est malheureusement pas évident que l’on puisse avoir la chance de revoir ce groupe sur scène, et que ce type de musique n’est aujourd’hui plus beaucoup jouée.

C’était en somme le concert d’une espèce en voie de disparition qu’il faudrait protéger, préserver et faire connaître.

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