lundi 14 décembre 2009

Le vilain


Note : 1/4

Albert Dupontel est un comédien fabuleux, probablement l’un des tous meilleurs, si ce n’est le meilleur du paysage cinématographique français actuel. Ses interprétations dans Deux jours à tuer, L’ennemi intime ou Fauteuils d’orchestre sont mémorables.

En marge de et activité d’acteurs, Dupontel est aussi metteur en scène.
Un metteur en scène singulier avec un univers bien particulier pour ne pas dire totalement singulier.
Avec Bernie, Le créateur ou Enfermés dehors, il avait marqué les esprits par son outrance, son humour acide et son esthétique déjantée.
Il n’y a pas de demi-mesure, on adore ou on déteste. Bernie ou Le créateur comptent des fans pour ne pas dire des dévots absolus pour qui chaque film de Dupontel est un film culte.
Les autres ne comprennent pas, forcement son univers peuplé de caricatures affreuses bêtes et méchantes et son univers relevant d’avantage de Fluide Glacial que des Dossiers de l’écran ou des romans de Jane Austen.

C’est donc en sachant pertinemment où je mettais les pieds et sans être fan que je me suis retrouvé à voir Le vilain son dernier film.
L’histoire d’un mauvais fils qui veut se débarrasser de sa mère qui n’est pas dupe de ses intentions n’a pas grand intérêt.
Elle est prétexte à développer une galerie de personnages outranciers qui pourraient être en quelques sortes les petits anges diablotins rouges quand les personnages de l’univers de Jean Pierre Jeunet sont les petits angelots blancs.

La mère est interprétée de manière remarquable par Catherine Frot, qui livre une fois de plus une interprétation lunaire comme elle seule sait le faire en gentille vieille dame du coin de la rue. Albert Dupontel quand à lui se réserve le rôle du vilain et offre à Bernard Farcy et Bouli Laners et leurs gueules impossible des personnages savoureux.

Pourtant le film ne prend pas. Je ne saurai dire si c’est Dupontel qui est moins méchant ou si c’est son film qui est moins inventif que par le passé.
C’est paradoxal car il ne manque pas d’idées saugrenues visuelles et narratives mais on ne rentre pas dans le film. On le trouve même un peu long et indigeste. Si l’on sourie une ou deux fois, on ne rit jamais et on n’est jamais coqué non plus.

Le Vilain est donc pour les amateurs des premiers films de Dupontel un pétard mouillé et une fois de plus un film que ses détracteurs trouveront débiles et à peine distrayant.

mardi 8 décembre 2009

Une affaire d'Etat


Note : 0/4

Porté par un casting plus que solide, par une bande annonce percutante et de bons articles de presse cette Affaire d’État s’annonçait sous les meilleures auspices.
On s’attendait à un film dans l’esprit des grands films politiques des années 70 comme I comme Icare, L’héritier ou Mille milliard de dollars boosté par une mise en scène à la Ne le dis à personne. Bref à un vrai film de genre français populaire, c’est dire si la motivation était présente !!

Sauf que quand on manque de talent, il faut parfois s’abstenir.
C’est le triste constat qui s’impose à la sortie de la salle.

Eric Valette, le réalisateur semble pourtant animé par une démarche sincère et une vrai volonté de vouloir renouveler le cinéma de genre Français en nous proposant un thriller ou s’entremêle le coté obscur de la manipulation politicienne et un vrai polar d’action.
On sent bien qu’Eric Valette a grandi avec de bonnes références et qu’il a été marqué par les films de Verneuil, la musique de Morricone, les grands rôles de Delon, Ventura et Belmondo, des seconds rôles comme Charles Denner, Bernard Blier, Michel Auclair, François Perier ou Charles Vanel.
On sent bien qu’il a voulu offrir au public un grand film comme 36 quai des Orfèvres ou Ne le dis à personne.

Et pourtant, malgré toute cette bonne volonté et la sureté de ses gouts, Eric Valette ne peut nous offrir qu’un énorme navet.
Et c’est bien dommage !!!!!

Malgré un scénario habilement construit où l’enquête d’une jeune flic sur la mort d’une prostituée à Pigalle et l’explosion d’un avion bourré d’armes contrebande au large des cotes africaine s’avèreront être une seule et même affaire : une affaire d’État mettant en cause les plus hautes instances et ébranlant l’équilibre diplomatique franco-africain. Sauf que le film tourne à la catastrophe.

Comme quoi une bonne histoire et de bons acteurs ne sont rien sans un bon chef d’orchestre !
Sans vouloir accabler le pauvre Eric Valette, le naufrage du film semble malheureusement à lui être imputé totalement à moins qu’il ait subit des restrictions et de grosses contraintes financières et temporelles de son producteur.

Cela se traduit par une réalisation et un esthétisme à peine plus enthousiasmant qu’un épisode du Commissaire Moulin ou d’un Navarro du début des années 90.

Pire, les acteurs semblent totalement abandonnés à leur triste sort en ne sachant pas comment rendre crédible cette histoire.
Il faut dire qu’ils ne sont pas aidés non plus par la pauvreté absolue dialogues qu’ils ont du apprendre.
André Dussolier peine à tirer son épingle du jeu et semble déboussolé. Christine Boisson, malgré un physique toujours aussi séduisant semble revenir à une force d’interprétation digne de celle qu’elle avait dans Emmanuelle. Rachida Brakni, pourtant sociétaire de la comédie française ne nous offre qu’une interprétation monolithique quasi "chuck norrissienne" de son personnage de flic obstiné. Les seconds rôles sont d’une transparence absolue à l’exception de Philippe Magnan qui nous sert son numéro éculé de salopard détestable sans donner l’impression d’y croire.
Mais la palme revient à Thierry Fremont !!!
En roue libre totale, cet acteur dont on connait pourtant le potentiel, campe un tueur féroce à grand renfort de tics nerveux, de sourcils froncés et de grimaces pour faire peur aux passants et aux petites filles. On est au bord du film burlesque ou d’une parodie des Inconnus. En singeant le De Niro de Taxi Driver couplé avec le Terminator de Schwarzenegger, Thierry Fremont nous inflige une prestation encore plus désastreuse que celles des pires moments de la terrible carrière du jusqu’alors inégalable de Clovis Cornillac (Les brigades du tigre, Le serpent, Le scorpion). Il en devient risible.

A cela vient s’ajouter une bande originale ou des extraits de BO de Moriconne qui feraient merveille chez Tarantino ne transmettent pas plus d’émotions que dans la dernière pub de GDF Suez. Le reste de la musique est un artifice pompier qui n’élève jamais le propos.

A cela vient s’ajouter un coté provoc à deux francs qui voudrait nous faire croire que les soirées de nos ministres s’apparentent à celles de Don Simpson (producteur déjanté de Top gun et du Flic de Beverly Hills, mort de ses excès).
Même transposé au cinéma on imagine mal notre ministre de la défense Hervé Morin tapant de l’héroïne dans des partouzes SM sous les dorures de la république.
Même si certains diront que cela doit sans doute en être ainsi, on n’y croit pas une seconde devant la caméra d’Eric Valette.

En plus de tout cela, on finit aussi par s’ennuyer fermement et il est clair qu’il sera difficile de donner une seconde chance au cinéma d’Eric Valette, qui ferait mieux de donner une autre orientation à sa carrière ou de se contenter de mettre en scène des polars pour TF1 le jeudi soir.

jeudi 3 décembre 2009

The Doors of the 21st century - Zénith Paris, le 8 décembre 2003


Note : 4/4

Les Doors en concert au Zénith de Paris en décembre 2003, cela pouvait porter à sourire tout en sentant grandement le traquenard et le relevé des compteurs, voir même le tribute band !!

Attiré par une curiosité un peu malsaine mais aussi par le fait que, tout bien réfléchi, les chansons des Doors sont malgré tout des putains de bonnes chansons, on se laisse aller à acheter une place.
On prend le chemin du Zénith en ne sachant pas trop à quoi s’attendre mais on est quand même un peu rassuré par certaines interviews publiés avant le concert.

En effet, ce soir les Doors s’appelleront The Doors of the 21st Century.
Robbie Krieger (guitare) et Ray Manzarek (orgue) seront bel et bien de la partie même si John Densmore (batterie) a décliné sa participation.
La lourde tache de se substituer à l’icône Jim Morrisson incombe à Ian Atsbury.
Le chanteur de The Cult (groupe rock néo seventies ayant eu un succès mondial à l’exception de la France à la fin des années 80) pouvait ne pas être un mauvais choix. Il est doté d’un certain charisme et d’une voix de baryton qui pourrait tenir la route.
Cette fine équipe est soutenue par un batteur et un bassiste.

De plus Ray Manzarek annonce la couleur. Ils joueront le soir du 60ème anniversaire de la naissance de Jim Morrisson dans la ville ou il est mort et enterré.
Pour l’occasion ils annoncent qu’en plus de leurs classiques ils joueront l’intégralité de l’album L.A. Woman, qu’ils n’avaient jamais joué sur scène en raison de l’exil parisien et de la mort de leur leader.

Bonne nouvelle, la salle est comble. On aurait redouté de se trouver dans un Zénith à moitié vide.
Le public est composé de tous les âges : du lycéen au vieux routier des festivals des années 70.
Il attend patiemment dans une atmosphère cannabique en écoutant de vieux blues que crache la sono du zénith.

Puis les lumières s’éteignent, des images de Jim Morrisson projetées sur un écran géant s’accélèrent au son de Karmina Burana. Le public joue le jeu, on est pas loin d’avoir des frissons.

Les musiciens débarquent et attaquent directement par Road house Blues.
Dés lors tous les doutes et toutes les appréhensions s’effacent.
Le son est bon, fidèle à l’idée qu’on se fait des Doors. Mais surtout Ian Atsbury fait bien mieux que tenir la route.
Son Charisme et son physique pourrait être celui de Morrisson à 45 /50 ans. Sa voix reste fidèle est respectueuse de Morrisson sans tomber dans l’imitation.
Bref on y croit, on est bien dans le trip.

Le trip devient extraordinaire puisque Break on through, When the music is over, Love me two times, Alabama song, Five to one s’enchainent et nous emmènent de plus en plus loin.

L’une des très bonnes surprises de la soirée, c’est que Manzarek et Krieger sont dans une forme éblouissante. Ils enchainent des solos et des improvisations particulièrement inspirés, bien au-delà de ce qu’on pouvait attendre et parfois même supérieurs à ceux de l’époque Morrisson.

Un petit passage plus intime nous donne la possibilité d’entendre The Crystal Ship, People are strange et une version hallucinante de Spanish Caravan.

Après un mini break, c’est l’heure de L.A. Woman.
Tout l’album y passe.
La version de Riders on the storm est un sommet qui ne sera dépassé que par L.A. Woman qui reste l’une des 10 plus grandes chansons rock de tous les temps.

Le rappel commence sous les meilleurs auspices puisque les Doors du 21eme siècle nous gratifient de versions délirantes de Not to touch the earth, Wild child avant de finir en apothéose sur Light my fire pendant un bon quart d’heure!!

C’est un triomphe absolu, le public est survolté, déchainé, il en redemande. On n’ose pas y croire. On est déjà là depuis trois heures.

Et pourtant, toute lumière allumée, ils reviennent et nous envoie un Soul kitchen qui fait danser et tripper toute la salle.

Ce devait être un soir d’état de grâce. Certains diront que l’âme de Jim flottait au dessus du public mais je suis plus terre à terre.
Je retiens surtout que :
Je me suis pris une claque dont l’intensité était inimaginable.
Qu’on ne pouvait pas rêver d’une meilleure set list.
Qu’au final il n’y a pas grand chose de plus cool que d’écouter les Doors en live en 2003 et que même si ça peut en faire sourire certains, c’est probablement l’un des 5 plus grands concerts qu’il m’est été donner de voir.

PS : j’ai eu la chance de les revoir sur scènes 8 mois plus tard et même si c’était très bien, l’état de grâce n’était plus là et le concert n’a pas atteint les sommets de ce 8 décembre 2003.