mardi 8 décembre 2009

Une affaire d'Etat


Note : 0/4

Porté par un casting plus que solide, par une bande annonce percutante et de bons articles de presse cette Affaire d’État s’annonçait sous les meilleures auspices.
On s’attendait à un film dans l’esprit des grands films politiques des années 70 comme I comme Icare, L’héritier ou Mille milliard de dollars boosté par une mise en scène à la Ne le dis à personne. Bref à un vrai film de genre français populaire, c’est dire si la motivation était présente !!

Sauf que quand on manque de talent, il faut parfois s’abstenir.
C’est le triste constat qui s’impose à la sortie de la salle.

Eric Valette, le réalisateur semble pourtant animé par une démarche sincère et une vrai volonté de vouloir renouveler le cinéma de genre Français en nous proposant un thriller ou s’entremêle le coté obscur de la manipulation politicienne et un vrai polar d’action.
On sent bien qu’Eric Valette a grandi avec de bonnes références et qu’il a été marqué par les films de Verneuil, la musique de Morricone, les grands rôles de Delon, Ventura et Belmondo, des seconds rôles comme Charles Denner, Bernard Blier, Michel Auclair, François Perier ou Charles Vanel.
On sent bien qu’il a voulu offrir au public un grand film comme 36 quai des Orfèvres ou Ne le dis à personne.

Et pourtant, malgré toute cette bonne volonté et la sureté de ses gouts, Eric Valette ne peut nous offrir qu’un énorme navet.
Et c’est bien dommage !!!!!

Malgré un scénario habilement construit où l’enquête d’une jeune flic sur la mort d’une prostituée à Pigalle et l’explosion d’un avion bourré d’armes contrebande au large des cotes africaine s’avèreront être une seule et même affaire : une affaire d’État mettant en cause les plus hautes instances et ébranlant l’équilibre diplomatique franco-africain. Sauf que le film tourne à la catastrophe.

Comme quoi une bonne histoire et de bons acteurs ne sont rien sans un bon chef d’orchestre !
Sans vouloir accabler le pauvre Eric Valette, le naufrage du film semble malheureusement à lui être imputé totalement à moins qu’il ait subit des restrictions et de grosses contraintes financières et temporelles de son producteur.

Cela se traduit par une réalisation et un esthétisme à peine plus enthousiasmant qu’un épisode du Commissaire Moulin ou d’un Navarro du début des années 90.

Pire, les acteurs semblent totalement abandonnés à leur triste sort en ne sachant pas comment rendre crédible cette histoire.
Il faut dire qu’ils ne sont pas aidés non plus par la pauvreté absolue dialogues qu’ils ont du apprendre.
André Dussolier peine à tirer son épingle du jeu et semble déboussolé. Christine Boisson, malgré un physique toujours aussi séduisant semble revenir à une force d’interprétation digne de celle qu’elle avait dans Emmanuelle. Rachida Brakni, pourtant sociétaire de la comédie française ne nous offre qu’une interprétation monolithique quasi "chuck norrissienne" de son personnage de flic obstiné. Les seconds rôles sont d’une transparence absolue à l’exception de Philippe Magnan qui nous sert son numéro éculé de salopard détestable sans donner l’impression d’y croire.
Mais la palme revient à Thierry Fremont !!!
En roue libre totale, cet acteur dont on connait pourtant le potentiel, campe un tueur féroce à grand renfort de tics nerveux, de sourcils froncés et de grimaces pour faire peur aux passants et aux petites filles. On est au bord du film burlesque ou d’une parodie des Inconnus. En singeant le De Niro de Taxi Driver couplé avec le Terminator de Schwarzenegger, Thierry Fremont nous inflige une prestation encore plus désastreuse que celles des pires moments de la terrible carrière du jusqu’alors inégalable de Clovis Cornillac (Les brigades du tigre, Le serpent, Le scorpion). Il en devient risible.

A cela vient s’ajouter une bande originale ou des extraits de BO de Moriconne qui feraient merveille chez Tarantino ne transmettent pas plus d’émotions que dans la dernière pub de GDF Suez. Le reste de la musique est un artifice pompier qui n’élève jamais le propos.

A cela vient s’ajouter un coté provoc à deux francs qui voudrait nous faire croire que les soirées de nos ministres s’apparentent à celles de Don Simpson (producteur déjanté de Top gun et du Flic de Beverly Hills, mort de ses excès).
Même transposé au cinéma on imagine mal notre ministre de la défense Hervé Morin tapant de l’héroïne dans des partouzes SM sous les dorures de la république.
Même si certains diront que cela doit sans doute en être ainsi, on n’y croit pas une seconde devant la caméra d’Eric Valette.

En plus de tout cela, on finit aussi par s’ennuyer fermement et il est clair qu’il sera difficile de donner une seconde chance au cinéma d’Eric Valette, qui ferait mieux de donner une autre orientation à sa carrière ou de se contenter de mettre en scène des polars pour TF1 le jeudi soir.

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