lundi 4 janvier 2010

Avatar


Note : 2/4

Ce mois cinématographique de décembre 2009 aura été écrasé par la sortie d’Avatar, le dernier méfait de James Cameron.
Vendu dans un désert cinématographique inédit pour une période de Noël, il écrase tout sur son passage.
En effet la concurrence ne semble pas avoir voulu relever le défi.
Aucun Disney ou magicien à lunette ne s’opposent aux créatures bleues de la planète Pandora.

Avec une campagne de communication comparable au déferlement d’un tsunami, une présence sur la toile digne d’un Obama en campagne mettant en exergue le plus gros budget de tout les temps (record fait pour être battu régulièrement ceci dit…) il fallait être un ermite pour ne pas être approché par la promotion du film.

De plus l’évènement bénéficiait d’un plus produit, puisque c’est bien de marketing dont on parle, avec la fameuse projection en 3D ou relief annoncée comme le nec plus ultra de la modernité.

Je m’autoriserai d’ailleurs une petite digression sur ce sujet.
On a longtemps vendu les films Pixar comme des films de 3D alors que ce sont des films en image de synthèse, 100 % crée sur ordinateur.
La 3D est le terme générique pour parler de film en relief.
Le cinéma en relief est d’ailleurs tout sauf une nouveauté. En effet en 1954, le réalisateur de B movies Jack Arnold avait fait sensation en utilisant ce procédé pour sa fameuse Créature du Lac Noir en utilisant un procédé de superposition d’images basé sur des couleurs filtrées par des lunettes sensibilisant chaque œil à une couleur primaire différente, jouant sur la perception de profondeur.
Les enfants nés dans le milieu des années 70 connaissent parfaitement ce système puisqu’ils avaient été nombreux à se procurer des lunettes pour voir cette fameuse créature en relief lors de la diffusion de ce film dans la fameuse dernière séance d’Eddy Mitchell. Cela avait d’ailleurs été un gros fiasco.

Outre La créature du Lac Noir, la 3D s’est invité sur pas mal de films et particulièrement sur les films d’horreurs dans les années 80 et 90. Le requin des Dents de la mer 3, L’ultime cauchemar de Freddy, Jason, le tueur au masque de hockey des Vendredi 13, La maison d’Amityville ont eux aussi expérimenté le relief pour augmenter la tension chez le spectateur.

Les Rolling Stones et U2 ont aussi fait en sorte de filmer des concerts en 3D qui ont été projetés dans des salles spécifiques comme la Géode.
Disneyland et le Futuroscope de Poitier ont eux aussi conçu des attractions basées sur ce procédé dans leurs parcs.

Ce que l’on sait moins en revanche, c’est que Le crime était presque parfait d’Alfred Hitchcock et le quatrième opus des aventures d’Emmanuelle ont aussi bénéficié du plus produit en relief.
Avis aux amateurs…

Si la 3D n’est donc pas une nouveauté, elle était jusqu’alors compliquée à mettre en place et pas forcement au point.
Depuis deux ou trois ans, et avec l’avènement des salles à projection numériques, le système est revenu sur le devant de la scène car il est beaucoup plus simple à mettre en place.
Quelques films mineurs l’ont utilisé : La terrible adaptation de Voyage au centre de la Terre avec l’homme aux yeux de poissons, Brendan Fraser, des films d’horreurs (Destination finale) et un paquet de film d’animation en image de synthèse (Volt, La haut, L’âge de glace…)

Le système étant désormais rodé, il était temps de le tester sur un vrai bon gros block buster afin de mesurer son impact auprès des ados qui sont les premiers consommateurs de cinéma. Des consommateurs qui désertent quelque peu les salles en étant happé par les consoles de jeux qui les placent au cœur d’une aventure alors que le cinéma ne peut que les mettre devant une aventure.

On comprend donc que la 3D d’Avatar est une date importante car si l’essai se révèle payant, on peut s’attendre à voir de nombreux block buster en 3D déferler sur os écrans dans les années à venir au moment des fêtes de Noël.

Revenons au film !!!

Avatar est un tour de force et un vrai film de cinéma.
En effet si l’on estime que le cinéma est une usine à rêves et de divertissements à grand spectacle, Avatar en est l’illustration même.

James Cameron, par la dimension et l’ampleur de ses projets cinématographiques est bel et bien le digne héritier de Cecil B de Mille (réalisateur en son temps des Dix commandements, de Sanson et Dalila, du Plus grand chapiteau du monde) et de ses films pharaoniques qui était eux aussi des laboratoires pour les effets spéciaux ou des techniques nouvelles pour l’époque comme le Technicolor.

En utilisant et améliorant toutes les techniques en gestation depuis des années (effets spéciaux, numérique, motion capture, 3D, images de synthèse…) James Cameron arrive à nous faire vivre sur la planète Pandora, à nous promener dans ses forets, à voler dans le ciel sur des ptérodactyles, à nager au fond des rivières, à participer à des batailles terrestres et aériennes délirantes.
De ce point de vue là Avatar est un film extraordinaire et presque sans équivalent qui ne peut laisser insensible même le fonctionnaire le plus sinistre de l’administration publique.

LA 3D apporte un peu plus d’ampleur au film même si celui-ci reste tout aussi spectaculaire sans elle.

Avec Avatar et comme pour ses films précédents (Terminator, Aliens, Abyss, Titanic), le cinéma de James Cameron se démarque par son modernisme, sa technologie de pointe et son ambition.
Cependant cette quête effrénée de la démesure a un prix.

Le but des films de Cameron est de mettre en avant à la manière d’un feu d’artifice les technologies les plus modernes.
Du coup ses films résistent mal à l’épreuve du temps puisque cette technologie correspond forcement à un instant T qui sera fatalement dépassé puisque celles-ci ne cesseront d’évoluer.

Il faut donc voir Avatar maintenant et sur très grand écran.
Pas dans dix ans car le film aura vieilli et probablement mal vieillit. Regardez Titanic ou T2 aujourd’hui et vous comprendrez …
Il est clair que l’univers de Pandora avec ses couleurs chatoyantes, fluoressantes et phosphoressantes semble tout droit sorti d’une fullmoon party sur une plage thaïlandaise et de la BD Aldebaran. Un univers qui risque toutefois d’être obsolète dans 10 ans.

Imaginer la vision de ce film sur un écran de télévision serait aussi fascinant que de regarder un concert d’Iggy pop ou des stones sur Youtube.

A baser son film sur la technologie, Cameron laisse souvent l’histoire au second plan et c’est le très gros défaut du film.
Avec un tel budget, on aurait pu imaginer une équipe de scénaristes sortant des trames narratives solides, des personnages à plusieurs facettes, des rebondissements terribles.
Mais Cameron s’est laissé emprisonner par le Marketing.
A vouloir séduire le plus grand public possible et à faire secouer le money maker il est devenu l’esclave des projections tests.

Du coup, toute l’histoire est devenue simpliste, les rebondissements convenus et prévisibles et les personnages totalement manichéens.

La colonisation de la planète Pandora par des terriens aveuglés par l’appât d’un métal précieux les poussant à commettre un génocide manque clairement d’originalité.

La résistance s’organisant autour d’un héros handicapé mais pourtant fédérateur fait penser dans son traitement à une relecture de Mission de Rolland Joffé, de Gladiator, de Blood diamond ou de Braveheart.

Alors que de vrais thèmes de sciences comme le dédoublement de personnalité, les actions simultanées dans deux endroits différents, auraient pu être exploité de manière originale Cameron s’emploie à nous proposer un scénario totalement convenu et mille fois vu et revu.

Si le personnage principal tient plus que la route, les personnages secondaires sont des désastres absolus tant ils sont débiles, inexpressifs et archi caricaturaux.
Le grand méchant en chef qui dirige les assauts avec son mug de café à la main et dont le manque d’humanité ferait passer le Terminator pour un poète lyrique est d’un pathétique achevé.
La prestation de Michelle Rodriguez et sa poitrine opulente en pilote d’hélicoptère tiraillé entre son devoir militaire et sa conscience est à peu près aussi poignante que Denise Richards en astrophysicienne dans un James Bond avec Pierce Brosnan.
Je m’arrêterais là car la liste est longue et que je ne souhaite pas égratigner Sigourney Weaver pour qui j’ai le plus grand respect.

Cameron est un cinéaste excessif. Il veut trop en mettre plein la vue et il en fait des tonnes et des tonnes : Les effets spéciaux, les histoires d’amours soutenues par des violons dégoulinants, les combats dantesques, les méchants très très méchants, les gentils très gentils.
Dire que l’ensemble maque de finesse est un euphémisme.

Au-delà de la mise en scène, il veut renforcer son propos avec un message à destination des générations futures à travers deux thèmes chocs : l’écologie et la lutte contre le racisme !!!
Une écologique hyper opportuniste dénonçant la déforestation et prônant la préservation des espèces en dangers.
La lutte contre le racisme à travers la représentation des hommes bleus qui font irrémédiablement penser à des afros américains aux yeux bridés et qui malgré leur coutumes qui nous sont étrangère ont énormément de choses à nous apprendre.

Tout cela est enrobé par un mysticisme de bas étage ou la croyance en l’au-delà et aux puissances de la nature semble être l’ultime salut.
Au-delà de l’opportunisme on rigole quand même doucement en repensant au budget du film et au bilan carbone de celui-ci…

Pour enrober le tout, Cameron a le mauvais goût de faire appel pour la musique à l’ignoble James Horner dont je dénonce ici le manque de talent régulièrement.
Une fois de plus, celui-ci nous sert une partition pompière, omniprésente, dégoulinante d’une vulgarité absolue et d’une finesse de diplodocus.
Pour appuyer le coté écolo du film, Horner nous inflige une musique éthno new age aseptisée comme le groupe Era n’oserait même pas nous en proposer…
Le sommet de la vulgarité, et de l’horreur musicale atteint son paroxysme lors du générique de fin avec la chanson de Léona Lewis.
Avec une voix qui mélange le pire de Céline Dion et de Maria Carey, elle hurle comme un chien devant la pleine lune à grand renfort de vibratos des paroles débiles qui feraient passer My heart will go on de Céline Dion dans Titanic pour une alliance entre Mozart et Arthur Rimbaud. C’est proprement effroyable !!!!
Cela dit les spectateurs quittent la salle très vite du coup…

Si Avatar peut représenter par son coté visuel une date dans l’histoire du Cinéma, un film hors norme comme on en voit peu, c’est aussi un soufflé, un beau soufflé doré très appétissant mais qui retombe assez vite.
Cependant ses faiblesses sont assez criantes et l’empêcheront à mes yeux d’avoir la même portée, la même profondeur qu’un Star Wars ou que Le Seigneur des anneaux.

On passe toutefois un bon moment devant un grand écran car le film nous emmène quand même bien plus loin qu’une ligne de RER.

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