lundi 14 septembre 2009

Neil Young - Zenith Paris, 4 juin 2009

Note : 4/4

Le vétéran Neil Young est, chose assez rare, en tournée en France. Même s’il est un peu plus passé ces dernières années, il n’est venu à Paris que 6 fois depuis 16 ans.

Après deux Bercy, (avec Alanis Morissette et Oasis en première partie et un son épouvantable), une session acoustique au palais des congrès et deux soirs au Grand Rex (à des prix inabordables : Merci GDP), le canadien retrouvait le Zénith qu’il n’avait pas fréquenté depuis son passage en juin 1993 ou il était accompagné Booker T and the MG’s (que je n’ai malheureusement pas pu voir).

Neil Young, c’est l’un des musiciens les plus importants, singulier, éclectique, créatif et prolifique de ces 45 dernières années. De son passage psychédélique avec le Buffalo Springfield, à ses collaborations Folk divines avec Crosby, Still et Nash qui l’ont emmené à Woodstock, en passant par sa longue phase solo qui l’a vu passer sans discontinuer du folk pur (Harvest) au rock noisy grunge le plus radical (Mirrorball, Live Arc, Weld) et pondre une série de chefs d’œuvre ou l’on reconnaît toujours son style inimitable qui se bonifie avec le temps comme un bon Bordeaux (After the gold rush, Rust never sleeps, Live rust, Freedom, Zuma...), Neil Young n’aura jamais joué une fausse note.

Chanteur hyper émouvant, il est aussi et surtout un guitariste soliste ahurissant au son abrasif capable de vous emporter des tréfonds de l’orage à des envols cristallins calmes et d’une pureté inouïe. Quand on le voit sur scène, Neil Young fait littéralement corps avec sa guitare. On le sent happé par une fièvre hypnotique qui semble le porter vers des envols orgasmiques qu’il transmet à son public de façon brute et intense.

Hier soir, porté par un son extrêmement bien réglé, sans décorum, avec sa silhouette de vieux fermier grunge du Kansas et son attitude épileptique et habitée par sa musique le canadien a montré ce qu’il avait de meilleur pendant deux bonnes heures pleine d’intensité.

Sa set list parfaite donnait une large part à son répertoire électrique. Avec notamment Love and only love, Hey Hey my my, Keep on rocking in a free world, Peace and Love, Cinamon girl, Cortez the Killer, Like a hurricane, il ne manquait que peu de classiques (peut être Crime in the city, Powderfinger...). Son intermède acoustique l’a vu interpréter des standards d’Harvest comme Heart of Gold et Old man ou Pocahontas comme si l’on était au coin du feu.

Ses improvisations guitaristiques nous ont transporté, et parfois même assez loin. On pouvait avoir la sensation d’avancer dans une jungle sombre et impénétrable ou l’on progresse péniblement à coup de machette, et de se retrouver tout d’un coup dans une clairière calme et ensoleillée, presque bucolique avec une vrai sensation d’apaisement. A d’autres instants, on pouvait être foudroyé dans le fracas d’un tonnerre sonique volcanique.

Le concert s’est achevé sur une reprise transfigurée et éblouissante du A day in the life des Beatles. En étant complètement respectueux et fidèle à la composition et aux arrangements de Lennon et Mac Cartney, il s’est pourtant totalement approprié la chanson pour en livrer une magnifique version purement "youngienne"
A cet instant, on a envie de réécouter les Beatles et on se prend à rêver d’un album de reprises de la part du vagabond canadien.

Dire qu’il a mis d’accord le public sold out du Zénith est un euphémisme. Ce public était d’ailleurs multi-générationnel. Il y avait les vieux de la vieille, les trentenaires et chose plus surprenante énormément de jeunes de 18 /20 ans. C’est dire si la musique de Monsieur Young peut être fédératrice malgré une accessibilité pas forcement évidente.

Bref, ce fut un grand moment.

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